Le développement personnel pour les gens intelligents

Faire confiance à la réalité

faire confiance à la réalitéEn novembre dernier, quand j’ai fait quatre jours de cérémonies Ayahuasca au Costa Rica, la première nuit a été très dure. Environ une heure après avoir bu ce thé, j’ai commencé à mal me sentir, et ce sentiment a continué à s’intensifier. Mon corps a commencé à être très lourd, et au bout d’un moment, j’ai eu l’impression d’être paralysé et de ne plus pouvoir bouger. Je ne pouvais ni m’asseoir ni me lever. Tout ce que je pouvais faire, c’était m’allonger.

Il faisait assez frais dans la pièce, mais je transpirais abondamment. Très vite, j’ai commencé à avoir du mal à respirer, comme s’il n’y avait pas assez d’oxygène. J’ai commencé à me sentir préoccupé. C’était ma toute première expérience de cette nature, et je n’avais jamais entendu dire que quelqu’un avait eu du mal à respirer après avoir essayé l’Ayahuasca, donc je ne m’étais pas préparé à cela. J’avais l’impression que quelque chose m’oppressait au niveau de la poitrine. J’ai donc commencé à respirer plus fort et plus vite, ce qui m’a fait transpirer encore plus.

Les assistants du chaman sont venus me voir, probablement parce qu’ils m’entendaient me débattre. Ils m’ont encouragé à essayer de me détendre et à ralentir ma respiration. Toutefois, je ne les entendais pas clairement tant mes oreilles bourdonnaient. Mentalement, je me disais que j’irais bien, mais mes sensations physiques étaient très déroutantes et désagréables.

Pendant ce temps, mon esprit était inondé d’images fractales vives et brillamment colorées, alors que j’essayais de contrôler ma respiration. La sensation de malaise ne cessait de s’accroître. J’ai commencé à me demander si j’allais m’évanouir parce que je ne pouvais pas respirer. Et si personne ne se rendait compte à temps de ce qui se passait ? Et si je mourais sur place ?

Le pire, c’était de se sentir physiquement paralysé, pas à 100%. Mais peut-être bien à 90%, tout en essayant de plus en plus de respirer. Je respirais très fort et énergiquement, presque comme une femme en travail. Mais j’avais toujours l’impression de ne pas avoir assez d’air.

Cependant, quand je me suis senti vraiment mal à l’aise, perturbé et inquiet, je me suis rappelé qu’il fallait que je cherche ma principale source d’ancrage à savoir ma relation avec la réalité. Malgré la respiration laborieuse et l’imagerie psychédélique, j’ai trouvé un réconfort immédiat en me souvenant de cette relation. Je me suis rappelé pourquoi il était important de faire confiance à la réalité.

Je ne savais pas si j’allais bien physiquement. J’espérais que oui, mais je n’avais pas l’impression que les choses allaient bien à ce moment précis. J’ai donc décidé de croire, à un autre niveau, que l’expérience était spirituellement correcte. Dans mon esprit, j’ai commencé à répéter en boucle : « Je te fais confiance ». J’ai fait de mon mieux pour lâcher prise et m’abandonner à mon engagement de toujours faire confiance à la réalité. Cela revenait à accepter l’idée que si mon heure était venue de mourir. Alors je mourrais simplement et donc me débattre ne servirait à rien.

Cet effort de confiance a commencé à me faire pleurer, mais pas de désespoir. C’était comme si je me reliais et ouvrais un canal de communication lié à un aspect de la vie qui est plus profond que ce que je vis normalement au quotidien. J’avais l’impression que les larmes n’étaient que la réaction de mon corps à ce qui me semblait être une réponse énergétique de la réalité. D’une certaine manière, j’ai eu l’impression de me rappeler que ce canal est toujours là. C’est un peu similaire à ce que je ressens souvent quand j’écris. Mais la gamme de fréquences était un peu différente.

Jamais de ma vie je n’avais eu autant besoin de me pencher dans la direction de la confiance. Intellectuellement, je peux faire confiance à la réalité parce que j’ai conçu qu’il est logique de le faire. Cependant, c’était totalement nouveau pour moi de devoir faire confiance à la réalité alors que je ne savais pas ce qui se passerait avec mon corps dans l’heure qui suit. Je n’avais pas beaucoup de contrôle sur mon corps dans cette situation et je perdais même un peu le contrôle de mon esprit, mais j’avais toujours la capacité de reconnaître cette relation avec la réalité et de m’engager à lui faire confiance quoiqu’il arrive.

D’une certaine manière, lorsque j’ai décidé de faire confiance à la réalité, mon corps a commencé à suivre. Ma respiration a commencé à retrouver son rythme normal. Mon rythme cardiaque a diminué. L’expérience était toujours inconfortable. Mais j’ai commencé à me détendre et à retrouver des rythmes internes qui me semblaient plus sûrs. Très vite, je pouvais dire que j’étais sorti de l’auberge et que j’allais bien physiquement.

Par la suite, je devais encore passer par plusieurs heures d’imagerie profonde et de traitement émotionnel intense. Sans oublier une tempête de larmes, mais c’était la partie facile en ce qui concerne les sensations physiques. J’ai tout de même passé encore plusieurs heures en ayant l’impression d’être semi-paralysé et super étourdi comme si la pièce tournait, alors j’ai eu besoin d’aide pour marcher jusqu’à la salle de bain à un moment donné.

Et puis j’ai fait trois autres cérémonies Ayahuasca au cours des trois nuits qui ont suivi. Comme vous pouvez l’imaginer, il m’a fallu faire un gros effort pour faire confiance à la réalité et boire de nouveau cette infusion après ce qui s’était produit la première nuit. Malgré tout, j’ai aussi eu le sentiment que, comme j’avais déjà vécu cela une fois et que j’avais appris à faire confiance à la réalité dans cette expérience, j’étais peut-être mieux préparé si je devais revivre quelque chose de semblable.

Il s’est avéré que chaque nuit était une expérience différente. La première nuit, j’ai eu du mal à respirer, j’ai beaucoup transpiré et j’ai ressenti une forme de semi-paralysie. Les autres nuits ont été très différentes, et j’ai expérimenté quelques-unes des pires nausées que je n’aie jamais connues. J’ai même vomi dans un seau pendant plus d’une heure — c’était un véritable entrainement pour mes abdos.

Dans l’ensemble, cette semaine a été physiquement éprouvante, mais mentalement, émotionnellement et spirituellement magnifique. Il se peut même que j’y retourne en novembre, mais nous devrons voir si c’est possible.

faire confiance à la réalité

Quelque temps après cette expérience, je me suis posé des questions sur cette nuit où j’ai eu l’impression que je ne pouvais plus respirer. Cela n’avait pas beaucoup de sens pour moi. Je comprends le fait que la plupart des gens expérimentent le côté purgatif de l’expérience, certains plus que d’autres. Toutefois, dans le groupe de 10 personnes dont j’étais membre, je n’ai pas entendu parler d’une seule personne, autre que moi, ayant eu du mal à respirer. Pourquoi ai-je dû endurer cela seulement la première nuit ? J’ai vu beaucoup de preuve attestant de la richesse des autres parties de l’expérience, mais cette partie m’a semblé inadéquate.

À l’époque, j’ai décidé de croire que la réalité me faisait passer cette expérience pour une raison spécifique. Mais je ne savais pas pourquoi exactement. Cela m’a aidé à apprécier la vie par la suite, et cela a également modifié mon rapport avec la mort. Cela m’a rappelé que si la mort approche, il vaut mieux se détendre et faire de son mieux pour faire confiance à la réalité plutôt que de se crisper de partout.

Ce que je ne savais pas ou n’attendais pas de l’Ayahuasca, c’est que cette infusion semble laisser un effet de trace permanent derrière. J’ai l’impression qu’elle a ouvert une sorte de canal de communication qui ne s’est jamais complètement éteint ou fermé depuis novembre. La plupart du temps, il est coupé, mais il est toujours présent. Ce qui me permet de me connecter à certains fils d’information ou courants d’énergie qui restent accessibles.

Étant donné que la situation sanitaire du monde s’est aggravée ces temps-ci, j’ai senti ce canal s’ouvrir davantage, comme si la signature énergétique de l’Ayahuasca me tapait sur l’épaule et essayait d’attirer mon attention. Je continue aussi à entendre de la musique en boucle dans mon esprit, la même musique que j’ai entendue pendant les cérémonies Ayahuasca.

Lorsque j’apprends que des gens sont sous respirateur et ont du mal à respirer, ce canal s’ouvre plus clairement, et il me reconnecte avec les souvenirs vifs de ces cérémonies Ayahuasca quand je sentais que je pouvais à peine respirer. Je ressens même certaines des sensations dans mon corps, comme si les scènes se répétaient. Parfois, cela devient tellement inconfortable que je dois détourner mon attention pendant un moment et laisser mon corps se détendre.

Toutefois, la raison pour laquelle cela se produit est aussi évidente : l’empathie.

Chaque fois que je pense aux personnes qui ont du mal à respirer — et aux nombreuses autres qui les rejoindront bientôt — je ne peux m’empêcher de ressentir moi-même certaines sensations physiques. Cela me rappelle à quel point cela peut être terrifiant, et toutes sortes d’émotions surgissent. Je dois ensuite m’abandonner à ces sentiments. Et me rappeler que je dois me détendre et faire de nouveau confiance à la réalité.

Même si un virus n’est pas une plante, ce canal que l’Ayahuasca a ouvert me montre en quelque sorte que l’intelligence végétale et l’intelligence virale sont liées. Elles sont peut-être liées par les schémas énergétiques ou l’intelligence de la nature. Je ne peux pas vraiment expliquer cette liaison. Je sens juste que cette situation virale n’est pas un événement aléatoire ou chaotique. En effet, je considère plutôt qu’il y a une intelligence derrière cette pandémie. Et qu’elle fait partie de la même intelligence avec laquelle j’ai composé pendant les cérémonies Ayahuasca.

Ces prises de conscience ont dicté mon comportement ces derniers jours. En effet, je suis très motivé à encourager les gens à pratiquer une bonne distanciation sociale, et je souhaite que nous passions à des mesures plus fortes le plus vite possible, en partie parce que je ne veux pas que quiconque ait à expérimenter ce que c’est que de ne pas pouvoir respirer. Le fait de savoir que de plus en plus de personnes vont bientôt avoir le souffle coupé suscite en moi un flot d’émotions, en particulier ce sentiment de lien avec la peur et le stress qu’elles vont ressentir en traversant cette épreuve. Le fait de porter mon attention sur ce point crée de fortes sensations de sympathie en moi.

faire confiance à la réalité

Et pourtant, il y a aussi cet autre aspect de la confiance qui comporte de multiples couches. D’une part, j’ai cette voix qui me dit que si les gens devaient vivre cette expérience, alors il vaudrait mieux qu’ils se fient autant que possible à la réalité, allant même jusqu’à croire qu’il est peut-être temps de mourir. Résister mentalement et émotionnellement et se crisper ne seront pas d’une grande utilité. Tandis que lâcher prise et permettre au corps de réagir avec sa propre intelligence pourrait aider.

Une autre voix, qui pourrait sembler étrange à beaucoup de gens, me dit qu’il faudrait faire confiance au virus lui-même. Cela ne signifie pas qu’il faut croire que le virus ne m’infectera pas. Et donc que je peux vivre comme je l’entends, mettant en péril la vie des gens.

Par « faire confiance au virus », je veux dire que je crois qu’il fait partie de la nature et de la réalité, et donc si je me penche sur la réalité, cela inclut qu’il me faut faire confiance au but que poursuit ce virus. Je ne peux pas dire exactement pourquoi, mais je sens que ce virus a un but. Non seulement pour nous en tant qu’individus, mais aussi pour le monde.

Alors qu’une partie de moi me pousse à voir ce virus comme une menace qu’il faut mettre complètement hors d’état de nuire, une autre partie de moi croit qu’il n’est pas vraiment là pour nous décimer. Quand je vois les choses sous cet angle, même la mort ne ressemble pas à une forme de malheur en soi. Je la perçois juste comme une sorte de transition.

En raison de cette perspective, j’ai le sentiment que si j’étais infecté, une partie de moi pourrait vouloir présenter le virus comme un envahisseur que je dois vaincre pour survivre. Cependant, une autre partie de moi sait que cette perception n’est pas exacte. Et que cela ne ferait qu’alimenter les tensions et aggraver l’expérience. Cela me fait penser que je devrais peut-être accueillir le virus comme une forme d’intelligence. Le laisser danser avec mon corps et faire confiance à mon organisme pour réagir de manière appropriée. Peut-être que son but est de m’apprendre quelque chose ou de me faire vivre une expérience qui pourrait en fait être un cadeau précieux.

Pour l’instant, je ne me sens donc pas en phase avec le discours de « guerre contre le virus » que j’entends ces derniers temps. Pour moi, cela semble aussi ridicule que de déclarer la guerre au chou frisé. Je ne pense pas que le virus nous déclare la guerre. Je ne ressens aucune hostilité ou belligérance dans ses intentions.

D’ailleurs, je pense même que le virus a un objectif positif qu’il veut servir. Et je ne pense pas qu’entrer en guerre contre lui démontre que nous connaissons cet objectif. Certes, je ne suis pas sûr à 100% de connaitre la nature de cet objectif, mais je suis presque sûr que le virus n’est pas là pour obliger tout le monde à faire des réserves de papier toilette.

De fait, je sens que ce nouveau virus est là pour nous apprendre quelque chose. Je vois sa présence dans le monde comme une invitation. Une invitation complexe à plusieurs niveaux, à la fois individuelle et collective. Je sais que je ne suis pas le seul à envisager cette perspective en ce moment.

Chaque fois que j’écris un nouvel article de blog, je choisis une interprétation et j’écris sur cette base. La situation sanitaire actuelle comporte plusieurs couches, ce qui en fait un défi particulièrement important. Car aucune interprétation ne peut à elle seule prendre en compte l’ensemble de la situation. Un jour, il se peut que j’écrive dans le but d’encourager la distanciation sociale. Ce qui peut être une ligne de conduite rationnelle dans ce cadre. De même, un autre jour, je peux écrire pour inciter à l’acceptation et à la reddition. Certaines personnes peuvent considérer que ces éléments sont en conflit, moi non ! Ce ne sont que des lentilles différentes pour voir la même réalité, et lorsque nous utilisons plusieurs lentilles, nous découvrons des niveaux plus profonds de rationalité qui ont un sens selon de l’interprétation.

Reconnaître la valeur de la reddition ne signifie pas que je n’encourage pas à pratiquer la distanciation sociale. Je peux pratiquer les deux et je le fais. Je peux prendre des mesures pour réduire la souffrance, même si je ressens une sympathie intense. De plus, je peux simultanément accepter de m’aligner sur la direction que veut prendre cette histoire sans avoir l’impression de combattre la réalité. Ce qui lie tout cela, c’est la confiance. Lorsque nous sommes prêts à faire confiance à la réalité, la vie joue avec nous comme avec des instruments.

Beaucoup peuvent affirmer que lorsqu’on décide de faire confiance à la réalité, cela encourage à être passif, complaisant ou idiot. Toutefois, je pense que c’est une objection irrationnelle.

Si vous considérez la situation sanitaire actuelle comme une invitation, de quel genre d’invitation pensez-vous qu’il s’agit ?

Article original écrit par Steve Pavlina.

Il existe plusieurs types d’expériences qui peuvent vous amener à voir la vie. Et les évènements sous un tout nouvel angle. Il y a quelque temps, j’ai fait une expérience d’initiation amérindienne assez édifiante que j’aimerais partager avec vous à travers la vidéo ci-dessous. N’hésitez pas à partager dans commentaires les expériences que vous avez faites et qui vous ont permis de changer de perspective par rapport à certaines questions.

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