Je pense que la meilleure façon de nous assurer que notre régime alimentaire est en phase avec nos valeurs morales, c’est de rester connecté avec les processus de bout en bout que nous soutenons par nos choix alimentaires.
Par exemple, si vous mangez de la viande, je vous recommande vivement d’aller à la chasse de temps en temps et de manger ce que vous avez tué.
Je pense qu’il est important de vivre cette expérience, afin de pouvoir apprécier pleinement les impacts de vos choix personnels.
Si vous n’êtes pas capable de tuer personnellement un animal et de le préparer pour la consommation, cela signalerait que vous expérimentez une incongruité interne majeure, et il serait certainement sage de réévaluer vos choix alimentaires.
Je ne dirais pas que vous devez le faire chaque fois que vous mangez de la viande, mais faites-le au moins une fois par an pour rester connecté au processus, de la mise à mort à la consommation.
Pour quelqu’un qui ne mange que du poisson, aller à la pêche suffirait.
Pour un lacto-ovo-végétarien, je suggère de faire l’expérience de traire une vache et de boire son lait.
Vous pouvez aussi visiter un élevage de poules et obtenir des œufs frais directement à la source.
Passez du temps avec les vaches et les poulets pour voir comment ils sont de près.
Remarquez ce que vous ressentez à l’idée de prendre directement et de consommer leur lait et leurs œufs.
Si vous aimez manger des aliments transformés, voyez si vous pouvez organiser une visite dans l’une de ces usines alimentaires que vous soutenez par vos achats, et observez la chaîne de production.
Il existe plusieurs usines de ce genre qui proposent des visites guidées à l’issue desquelles vous pouvez même recevoir un échantillon de ce qu’elles produisent.
Si vous visitez par exemple une usine de fabrication de chocolat, il est peu probable que cette visite vous amène à ne plus aimer le chocolat, mais elle peut vous sensibiliser sur le genre d’emplois que des êtres humains occupent pour fabriquer des chocolats fins.
Cela vous aidera à prendre conscience des conséquences de vos actes.
Depuis quelques années maintenant, j’ai un petit jardin dans mon arrière-cour.
Je ne suis pas un grand jardinier, mais j’ai appris à cultiver et à consommer une partie de ma nourriture.
J’ai remarqué que je préfère manger des plantes qui se renouvellent d’elles-mêmes plutôt que de les arracher du sol et de les tuer par la même occasion.
J’ai par exemple des oignons verts qui poussent depuis des années.
Je coupe des morceaux ici et là, et les plantes se renouvellent d’elles-mêmes.
Il en va de même pour les herbes aromatiques.
Les arbres fruitiers sont également excellents, car vous pouvez en manger les fruits, alors que les plantes continuent à vivre et à produire d’autres fruits.
Les fruits frais constituent une grande partie de mon alimentation.
Je ne me vois pas aller à la chasse et abattre un cerf ou un autre animal.
Je préfère regarder l’animal continuer à vivre.
Si un lion veut le tuer, c’est bien, mais je ne suis pas un lion.
Cela dit, si quelqu’un doit manger de la viande, je pense que chasser soi-même la proie avant de la manger est une expérience essentielle.
Sinon, il est très probable que l’on perde conscience et que l’on tombe dans l’incongruité, ce qui érode l’estime de soi au fil du temps.
J’ai vu de nombreux cerfs de près lors de mon récent road trip, ainsi que des vaches et d’autres animaux.
Et je peux vous garantir que je n’ai jamais ressenti le désir de sortir une arme pour les tuer et les manger.
Au contraire, je les ai vus comme étant des êtres très beaux et paisibles.
Je voulais m’asseoir et les regarder, pas mettre fin à leur vie.
À un moment donné, Rachelle et moi nous sommes approchés d’un cerf et avons pratiquement eu une conversation avec lui pendant que nous prenions des photos.
À aucun moment nous n’avons parlé du potentiel gustatif du cerf.
C’est peut-être pour cela qu’il nous a permis de nous approcher si près, presque à portée de caresses.
Ensuite, nous l’avons remercié pour les photos.
Je considère la congruence intérieure comme une question de degré plus que d’essence.
Améliorer la congruence entre nos valeurs morales et nos décisions est un processus qui dure toute la vie.
Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection !
Dès que vous avez franchi une étape, vous pouvez estimer que vous avez atteint un nouveau niveau de divinité morale pendant un certain temps, mais peu après, les étapes suivantes se présenteront d’elles-mêmes.
Je pense qu’environ 9 milliards d’animaux d’élevage sont abattus pour la consommation chaque année aux États-Unis.
Combien de ces décès se produiraient si les consommateurs finaux devaient personnellement procéder à l’abattage ?
Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il y aurait beaucoup moins que 9 milliards de morts.
Si vous mangez de la viande, mais que vous n’avez jamais personnellement et délibérément tué et mangé un animal ; si vous résistez même à cette idée d’essayer, cela fait-il de vous une poule mouillée ?
Oui, je pense que oui !
Après tout, si vos valeurs morales vous poussent à manger de la viande, elles doivent certainement soutenir le processus le plus fondamental qui permet de manger de la viande : tuer délibérément un animal et manger sa chair.
Il existe bien sûr de nombreuses façons d’étendre les idées présentées dans cet article.
Les choix alimentaires personnels n’en sont qu’une application parmi tant d’autres.
Le but est de vous amener à vous poser les questions suivantes :
- si je ne puis me résoudre à participer au système que je soutiens en ce moment par mes choix, alors est-ce que je respecte vraiment ce système et ses procédés ?
- si je continue à prendre part à un système que je ne respecte pas, alors qu’est-ce que cela dit vraiment sur les choix que je fais ?
- et si je continue à faire des choix que je ne respecte pas, puis-je affirmer que je me respecte moi-même ?
Lorsque vous prenez des mesures pour accroître la congruence entre vos valeurs morales et vos choix personnels, votre estime de soi augmente.
Et avec une plus grande estime de soi, vous êtes moins susceptible de vous laisser piéger dans des situations abusives, et vous êtes plus susceptible de maintenir des normes élevées pour votre vie, à la fois personnellement et professionnellement.
Si vos valeurs morales et vos choix personnels ne sont pas en phase, cela signifie que vous n’avez pas vraiment du respect pour vous-même.
Article original écrit par Steve Pavlina.
