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Jour 5 : sommeil polyphasique
Mon expérience de sommeil polyphasique des dernières 24 heures n’a pas été aussi bonne qu’au jour 4. Mes siestes n’étaient pas aussi récupératrices, et j’ai passé la majeure partie de la nuit dernière à me sentir somnolent.
J’ai ajouté quelques siestes supplémentaires pour passer la nuit. Cela a semblé aider, et j’ai finalement fait quelques rêves; et me suis réveillé de ma sieste de 5h du matin à nouveau plus frais. Le matin et le début d’après-midi se sont bien passés aujourd’hui.
Le problème de somnolence nocturne peut en partie être due à mon propre comportement. J’ai passé au moins quelques heures chaque nuit à lire (principalement de la fiction; donc ce n’est pas important si je ne le retiens pas bien). Ce qui est une activité que je fais souvent avant d’aller dormir.
Donc je me suis peut-être précédemment conditionné à devenir graduellement somnolent en lisant la nuit; parce que j’avais l’habitude de lire jusqu’à ce que je commence à piquer du nez.
Je pourrais vouloir m’attaquer à des activités nocturnes différentes dans ce cas; des activités qui ont moins de chances de me faire somnoler. Mais comme je suis encore en train de m’adapter, je me sens limité dans l’utilisation des nuits pour un travail créatif parce que je ne me sens pas aussi réveillé que je voudrais l’être.
Je ferais bien davantage de cuisine gourmet, mais notre réfrigérateur est déjà rempli à ras-bord de nourriture. Aujourd’hui j’ai réfléchi à une liste d’activités que je pourrais faire pendant ces moments, donc ce soir je vais essayer de mélanger tout ça. Je veux réduire ou éliminer la somnolence nocturne, pas simplement trouver des moyens de me distraire d’elle.
Certaines personnes ont rapporté faire des rêves plus réels et plus lucides avec le sommeil polyphasique. Bien que cela puisse être un effet à long-terme, je ne trouve pas que mes rêves soient plus réels. Ils ont même été plutôt moins réels et plus simplistes. Je n’ai pas fait de rêves lucides depuis le début de cette expérience non plus.
Je connais toujours un léger « brouillard mental » la plupart du temps. Ce n’est pas une sensation déplaisante, mais je ne me sens pas entièrement investi dans ce que je fais; mes actions physiques semblent moins réelles et plus rêvées.
J’ai aussi quelques symptômes évocateurs du rhume ces derniers jours, en particulier le nez qui coule. C’est très léger cependant.
Ma motricité est un peu en berne aussi. Je remarque ça en particulier quand je mange ─ je manie parfois gauchement mes couverts quand je les prends. Ma vitesse de frappe est également plus lente que d’habitude. Je ne tape certainement qu’aux 2/3 de ma vitesse habituelle, et je fais plus de coquilles. Ce sont des problèmes que j’aimerais voir disparaître d’ici une semaine ou deux.
Par simple sécurité, j’évite de conduire pendant cette période d’adaptation. Donc cela limite les possibilités de ce que je peux faire au milieu de la nuit, ce qui est un peu triste étant donné que je vis à Las Vegas et que beaucoup d’endroits sont ouverts 24 heures sur 24.
Cela serait amusant de passer un de ces cycles nocturnes à jouer au poker de temps en temps, mais je ne vais conduire nulle part tant que je ne sentirai pas que je peux le faire en toute sécurité.
Je garde un entraînement physique léger pendant cette expérience, en ne faisant que du yoga et de la marche. Je suis conscient d’être plus sujet aux blessures et de récupérer moins vite si je fais quelque chose de plus soutenu le temps de m’adapter à avoir moins de sommeil. Une fois que je me serai totalement adapté, j’aurai tout le temps d’accélérer l’exercice.
La principale chose que je recherche dans les prochains jours est de voir ce brouillard mental s’effacer et mes niveaux d’énergie et de vivacité devenir plus stables. Actuellement la plupart de mes cycles sont en place, mais pendant certains d’entre eux je me sens groggy ou somnolent, donc l’expérience générale a un peu un effet de montagnes russes.
Parfois je pars faire ma sieste en me sentant mou et je me réveille totalement en forme, d’autres fois c’est l’inverse qui arrive.
J’espère que cette situation va s’améliorer petit à petit au fur et à mesure que je réussirai à atteindre le sommeil paradoxal de manière plus constante pendant les siestes. Je peux déjà voir quelques améliorations dans ce domaine. Je me réveille souvent quelques minutes avant que mon réveil sonne, en me sentant frais; et en me souvenant de mes rêves.
Je me sens chanceux d’avoir la liberté de tenter cette expérience, et c’est amusant de recevoir autant de retours de la part de ceux d’entre vous qui la suivent. Visiblement, faire un changement aussi radical dans sa vie quotidienne demande une immense flexibilité et un gros engagement pour passer la période d’ajustement.
Ma femme est un super soutien, même si elle trouve que tout cela est vraiment étrange. Je ne peux pas dire que je ne suis pas d’accord. Après 11,5 ans ensemble cependant, elle a l’habitude de me voir faire des choses étranges dans la poursuite de mon développement personnel. :
Je veux souligner encore une fois que c’est une expérience de développement personnel qui vient de ma curiosité plus que de toute autre chose. De ce fait, reçois des retours et des questions concernant les résultats du sommeil polyphasique sur la productivité, ce qui ne me surprend pas, mais je n’ai honnêtement pas beaucoup pensé à ces aspects de l’expérience, et je ne suis pas encore assez loin pour en avoir une perspective réaliste.
Je traverse encore la période d’adaptation, qui on m’a dit pourrait durer quelques semaines; donc je ne m’attends pas à être super productif pendant cette période.
Vivre des expériences de développement comme celle-ci correspond directement à mon objectif de vie, donc le simple fait de participer à cette expérience est un effort productif de mon point de vue. Je n’essaye pas d’utiliser cette expérience comme un moyen à long terme de produire plus de choses, de mots, ou de lignes de code.
Ces résultats à long terme pourraient être un bonus sympa; mais ils ne sont pas ma motivation première pour l’avoir faite. Je suis bien plus attiré par l’idée d’expérimenter le sommeil polyphasique comme une fin en soi ─ simplement pour apprendre ce que c’est de vivre pendant un moment comme un dormeur polyphasique.
C’est une façon de vivre totalement différente qui à mon avis résultera dans une évolution quel que soit son déroulement; et qui l’a déjà largement fait. Cela me donne une nouvelle perspective de la réalité, cela change la façon dont je vois le temps, et cela crée d’autres effets par répercussion, comme briser des anciennes habitudes et en former de nouvelles.
Je pense que quelqu’un qui essaye le sommeil polyphasique parce qu’il croit que cela mènera à plus de productivité aura moins de chances de réussir à traverser la période d’adaptation. « Une plus grande productivité » générée par plus d’heures n’est pas intrinsèquement motivant pour la plupart des gens.
Si c’est votre motivation, je pense qu’il serait plus simple d’abandonner au bout de quelques jours ou de dormir plus quand cela devient difficile. Vous pourriez sentir que vous faites un trop grand sacrifice; comme d’échanger un sommeil polyphasique réparateur pour plus de travail stressant.
Mais si vous y allez avec une attitude de curiosité et d’exploration, je pense que vous aurez bien plus de chances de réussir. Vous ne verrez pas la récompense du succès comme plus de travail et plus de stress.
À la place vous trouverez une récompense intrinsèque à l’expérience pour le développement et la connaissance de soi que cela procure. Alors vous pourrez même être mort de fatigue et vous sentir totalement zombie le troisième jour et quand même vous amuser. Vous ne serez plus aussi attaché au fait d’avoir un résultat particulier.
Jour 6
Aujourd’hui a été de loin le meilleur jour. Mes niveaux d’énergie et de vivacité ont fait un grand pas en avant. Pour le moment je dirais que je me sens au moins aussi bien que quand je dormais de façon monophasique (10 sur 10).
C’est presque incroyable de me sentir si pleinement éveillé, alerte, et énergique en seulement 2-3 heures de sommeil par jour. J’aurais aimé le découvrir 10 ans plus tôt.
La nuit dernière j’ai encore eu besoin de la sieste supplémentaire de 3h du matin (juste entre celles de 1h et de 5h). Autour de 2h30 j’ai connu un début de forte somnolence, donc j’ai choisi de faire à nouveau cette sieste supplémentaire. Je suis assez sûr de m’endormir en 1 à 2 minutes.
J’ai quand même vu une amélioration majeure parce que j’étais totalement éveillé; et alerte pendant tous les autres cycles des 24 dernières heures.
Je suppose que ce dernier cycle-obstacle s’améliorera en continuant de m’adapter; au fait d’être éveillé à toutes les heures de la journée. J’avais l’habitude de me lever à 5h quand je dormais de façon monophasique. Donc le cycle 1h-5h est le seul pendant lequel je dormais dans sa totalité.
Cela pourrait simplement demander un petit temps à mon corps de s’habituer à être éveillé à cette heure.
J’ai trouvé que mettre la lecture à la fin des cycles nocturnes au lieu d’au début m’aidait beaucoup à empêcher la somnolence. J’ai lu les 40 dernières minutes de mon cycle 21h-1h la nuit dernière; et cela a mené à une sieste de 1h très réparatrice pendant laquelle je me suis endormi très rapidement.
Le « brouillard mental » continue à s’effacer. Je me sens avec les idées bien plus claires aujourd’hui. Ma vitesse de frappe et ma motricité sont également quasiment revenues à la normale.
Une chose que j’ai notée est qu’au lieu de faire une liste de choses à faire pour ma journée comme j’en avais l’habitude, je divise maintenant ce que je veux faire en cycles. Donc j’ai une liste de choses à faire très courte pour les périodes de 3,5 h entre les siestes. Et comme il n’y a pas vraiment de fin de journée, ce processus est continu.
En raison de la courte durée des siestes (30 minutes maximum avec un temps de sommeil polyphasique réel de 15-20 minutes), c’est comme si j’étais éveillé 24 heures sur 24. Les siestes sont juste de courtes pauses dans un état autrement continu de conscience. Cela provoque une perception du temps très différente.
Il n’y a aucune sensation de combat contre la fatigue avant qu’il soit temps de se séparer pour la nuit.
Je peux être au milieu d’un projet, allez faire une pause sieste; et revenir travailler sans l’interruption massive d’une remise à niveau causée par une nuit de sommeil polyphasique. Le processus vital s’éloigne de l’intervalle du jour par jour et devient plutôt comme un courant continu.
Cela semble très étrange au début, mais j’aime de plus en plus cette nouvelle approche. Mes journées ne sont plus aussi quantifiées ; une journée passe en douceur à la suivante.
D’une certaine manière cela me fait sentir plus conscient que d’habitude. Le soleil se lève, le soleil se couche, les autres gens se réveillent et vont dormir; et je suis toujours là pour voir cela arriver. Je ne disparais pas du monde conscient pendant plusieurs heures par jour.
Le calendrier jour par jour n’est plus un bon modèle pour ma sensation du passage du temps. Ces fines frontières entre les jours n’existent plus. Je vais avoir besoin de restructurer mes outils de gestion du temps pour m’adapter à cette nouvelle façon de vivre.
Dans le prochain article, je vais répondre à certains des problèmes que des lecteurs ont soulevé dans des mails jusqu’ici.
Article original jour 5 et jour 6 écrit par Steve Pavlina.