Développer son intuition en voyage

L’intuition reste encore un sujet mystérieux. On la ressent, mais on ne sait pas exactement comment la définir. Pourtant, elle peut être très utile au quotidien et votre meilleure amie lors de votre prochaine aventure. Qu’est-ce que l’intuition ? Peut-on s’y fier et existe-t-il des outils pour la développer en voyage ? Si cela éveille votre curiosité, je vous conseille de lire cet article.

Qu’est-ce que l’intuition ?

Définition de l’intuition

Tout d’abord, commençons par une définition.

L’intuition est la connaissance ni réfléchie et non rationnelle. C’est la compréhension directe, immédiate et subtile qui passe par des canaux variés notamment :

Le corps ;
Des impressions ;
Parfois des visions du mental.

Intuitio en grec signifie regarder à l’intérieur de soi et donc savoir s’écouter.

L’intuition discerne, elle ne déduit pas. Des sensations sont ressenties par le corps avant que le cerveau ne traite l’information de manière rationnelle. Elle est l’opposition à la rationalité et aux faits, car elle ne se base pas sur l’analyse, mais bien sur les sensations éprouvées. Les deux sont en fait complémentaires.

L’intuition est un mécanisme cognitif scientifiquement prouvé par des expériences ainsi que par des études de cas concrètes. Cependant, il reste difficile de décrire exactement comment elle fonctionne, car cela dépend des individus.

Ensuite, l’intuition provient de nos expériences vécues. On ne peut pas trouver l’intuition dans les livres, car elle n’est pas matérialisable. On sait également que les peuples amérindiens utilisaient plus fortement l’intuition dans leur culture en se connectant par exemple avec leur environnement et avec la nature.

3 différentes formes d’intuition

L’intuition fait partie de l’une des 5 branches de la sensibilité aux côtés de l’imagination, des sensations et des émotions. Elles sont interdépendantes et donc reliées entre elles.

Il existe 3 différents types d’intuition :

L’intuition inconsciente : on sait que quelque chose est en train de se passer ou que quelqu’un nous observe, etc.
L’intuition logique : la réponse vient toute seule quand on y réfléchit plus. Par exemple, Einstein est connu notamment pour son eurêka ! Il recevait des informations à propos des questions qu’il se posait et possédait une intuition incroyable.
L’intuition du futur : anticiper un projet pour nous ou pour quelqu’un d’autre grâce à une vision globale. « c’est dans l’air du temps ».

Comment reconnaît-on une intuition ?

Il est essentiel de reconnaître et d’écouter les signaux de son corps. Il sera ainsi plus facile de déchiffrer et d’identifier ces informations subtiles par la suite. Finalement, la question est : comment notre corps nous parle-t-il ? Chacun de nous vit son intuition différemment, bien qu’elle puisse s’exprimer via différents canaux à l’aide de sensations comme :

Une petite voix intérieure ;
Une sensation vive de joie ;
Des poils qui se hérissent ;
Une boule dans le ventre ;
Un flash très bref ;
Une sensation dans le dos ;
Des battements de paupière ;
Des mouvements du corps en avant, en arrière ;
Une ouverture ou une fermeture au niveau du visage ;
Une impression de chaleur ou à l’inverse de froid ;
Un pressentiment ou des prémonitions ;
Du plaisir, un frisson ou de la gêne.

La différence entre l’intuition et le mental

Comprendre l’égo

L’égo est une voix qui s’élève et qui est attachée à des idées identitaires plutôt guidées par la peur de perdre et d’être abandonné. Le mental veut défendre sa place dans la société, prouver des choses, l’idée que l’on se fait de notre identité, défendre ses biens, etc. C’est une voix guerrière dictée par l’urgence et la notion de rareté. Tel un juge, le mental s’exprime en répétant : « tu devrais faire ci », « tu n’aurais pas dû… ». Il utilise des émotions comme la peur ou la honte pour se faire comprendre.

Décrypter l’intuition

L’intuition est une voix douce et sage plutôt guidée par la paix intérieure, la sérénité et l’acceptation de notre expérience. L’intuition est dans le moment présent, la connexion, la patience, la bienveillance et la simplicité et propose toujours la vérité. Au début de notre vie, notamment durant l’enfance, nous sommes très proches de notre intuition. Mais au fur et à mesure de notre évolution, on renforce notre égo et on affûte notre carapace pour se défendre contre soi et le monde. L’intuition est la partie de notre conscience qui reste lorsque la peur du jugement et de l’abandon a disparu.

Les deux antipodes : intuition vs égo

À la différence du mental, l’intuition jaillit et survient d’un coup si l’on est attentif à ses signaux. Cependant, l’égo a son rôle à jouer et il est nécessaire de l’écouter sans se laisser étouffer par celui-ci. En effet, le mental a pour responsabilité primaire de nous protéger des dangers. Pour bien les différencier, il faut prêter intérêt aux deux voix qui s’élèvent dans votre tête en pratiquant une écoute attentive de vos sensations.

L’intuition d’un point de vue scientifique

2 systèmes de traitement de l’information dans le cerveau

Le Système 1 est rapide, émotionnel, involontaire et demande peu d’énergie psychique. Il prend une décision de manière directe. Par exemple, le système 1 traite une première impression sur quelqu’un, une sensation brève et instinctive. Vous l’aurez compris, c’est ce qui caractérise l’intuition.
Le Système 2 est plus lent et logique. Il est porté par le raisonnement et la concentration afin de construire une réflexion argumentée. C’est le fait de réfléchir et d’analyser afin de prendre une décision mesurée et sensée.

Pour de plus amples informations, n’hésitez pas à consulter le livre de Daniel Kahneman.

L’intuition se mesure par l’expérience

Il est important de décrypter l’intuition d’un point de vue scientifique car elle n’est pas uniquement reliée au monde magique et surnaturel. Lorsque nous mentionnons l’intuition, les mots les plus couramment utilisés sont : médium, mystère, superpouvoir ou encore sixième sens. Pourtant, l’intuition est aussi un fonctionnement cognitif observable et mesurable par des études accessibles dans le livre Intuition and deliberation: Two systems for strategizing in the brain de 4 scientifiques (2). Le cerveau traite de nombreuses informations sans que nous en ayons systématiquement conscience. Comme un ordinateur, notre esprit travaille en arrière-plan en permanence. Le cerveau acquiert donc des automatismes grâce à nos expériences vécues et crée notre intuition à partir de cette base de données. Elle se mesure donc à l’aide de nos apprentissages et expérimentations. À force de répéter leurs actions, le cerveau développe des réflexes et affûte leur intuition.

Comment peut-on observer l’intuition dans le cerveau ?

On peut distinguer 3 zones qui s’activent dans le cortex relié à l’intuition :

La mémoire épisodique. C’est la mémoire des faits et des événements vécus ;
Le noyau caudé. Il se trouve au cœur du cerveau dans une structure appelée ganglion de la base. Son rôle est de prendre rapidement une décision basée sur nos expériences vécues ;
Le cortex préfrontal ventro médian. Il est la conséquence émotionnelle de nos décisions antérieures afin d’éviter de refaire les mêmes erreurs. Cette partie du cerveau analyse nos émotions puis décide de prendre rapidement une décision en fouillant dans notre mémoire des récompenses émotionnelles.

On peut donc conclure que le cerveau a bel et bien un rôle cognitif et émotionnel lié à l’intuition.

Comment développer son intuition en voyage ?

L’intuition fait office de guide en voyage et permet de se connecter à nos émotions en expérimentant une perception plus juste de l’autre.

La différence entre l’instinct et l’intuition

La différence entre l’instinct et l’intuition est ténue, presque identique. Mais si l’on veut vraiment les différencier, l’instinct est pulsionnel et comporte une part animale tandis que l’intuition tend plus vers la métaphore. Comme les animaux, l’instinct a pour rôle majeur de nous préserver. En voyage d’aventure, on parle souvent d’instinct de survie, car il est primordial de faire attention à sa sécurité.

Pistes pour développer son intuition en voyage

En voyage, l’intuition est notre boussole intérieure ainsi qu’un outil puissant pour prendre des décisions justes et en accord avec nous même, et ce rapidement. Voyager est donc un excellent entraînement pour apprivoiser votre intuition car il offre une multitude de possibilités à explorer. Vous pourrez choisir d’emprunter cet itinéraire et pas un autre ou encore décider de suivre cette personne rencontrée (ou pas). Vous travaillerez votre intuition pour vous tirer de mauvaises situations, etc.

Quelques astuces pour développer son intuition en voyage :

Ne pas réserver ses hébergements en avance et sur planifier. Comme on l’a vu au cours de l’article, il faut laisser de l’espace à votre intuition si vous voulez qu’elle s’affine ;
Accueillir la réalité telle qu’elle est et ne pas essayer de l’enjoliver ;
Oser voyager seul(e) est une excellente opportunité pour se donner le temps et l’espace de développer son intuition.^.Passer du temps seul permet d’y voir plus clair quant à votre intuition, car nous ne sommes plus constamment brouillés par les pensées et les envies des autres ;
Opter plutôt pour un voyage non organisé. Pour améliorer votre intuition, privilégiez le voyage plutôt en lâchant prise et vous faisant confiance. À l’inverse, le voyage ultra planifié et ordonné ne permettra pas d’améliorer votre intuition ;
Faire de l’autostop et se laisser guider par les éventuelles opportunités ;
Développer sa curiosité et maintenir nos sens en éveil ;
Vivre pleinement le moment présent ;

Savoir s’écouter

Il est important d’écouter vos réactions physiques pour détecter sous quelle forme votre intuition survient. Une fois que vous savez la reconnaître, vous devez ensuite cultiver cette connexion. Comment faire, me demanderez-vous ? En se donnant l’autorisation d’appliquer ce que l’intuition nous offre tout simplement.

Pratiquer la gratitude

Pour écouter votre petite voix intérieure qu’est l’intuition, soyez empathique avec vous-même et tolérant avec votre environnement. Pratiquer la gratitude (découvre 11 méthodes puissantes pour accélérer votre gratitude) et ouvrir votre cœur au monde vous permettra de développer plus rapidement votre intuition ;

Faire confiance à votre intuition

Oui, faites confiance à votre intuition et acceptez-la comme faisant partie intégrante de vous et de votre vie. Lorsque votre intuition communique avec vous, acceptez sa réponse. Il est tentant de rejeter cette petite voix lorsqu’elle ne nous dicte pas ce que nous avons envie d’entendre. On pourrait alors dire qu’il faut avoir « foi en soi » pour être intuitif. Votre intuition opère un peu comme un miroir ou un détecteur personnel qui vous éclaire souvent dans vos choix ou dans vos actions ;

Cultiver le calme et laisser de l’espace pour que votre intuition puisse s’exprimer.

En effet, si vous ne laissez jamais d’espace de vide ou de solitude, comment voulez-vous que votre instinct puisse s’épanouir dans ce brouhaha permanent ? Plus vous serez capable d’être calme et plus vous vous donnerez des occasions pour être en tête à tête avec vous-même. Et c’est précisément dans ces circonstances que vous devenez disponible et donc plus à l’écoute de vous et des autres. Comment laisser de l’espace à votre intuition ?

Ralentir votre rythme et par conséquent celui de vos pensées.

Accordez-vous des moments de repos du corps et de l’esprit par exemple en pratiquant la méditation ;

Apprendre à faire le vide.

L’inconscient n’aime pas la vacuité et cherche toujours à combler. Intégrez dans votre routine des espaces de vide où vous n’avez rien de prévu : ni musique, ni téléphone, etc ;

Pratiquer son intuition sur des petites choses sans enjeu.

Pour entraîner son intuition, testez-la plutôt sur des situations à faible enjeu. Par exemple, au restaurant, vous pouvez vous exercer à sélectionner le plat qui vous tente le plus ou lorsque vous vous baladez : choisissez d’emprunter un itinéraire non réfléchi au préalable ;

Écrire à votre intuition dans un cahier personnel

Pour développer votre intuition de manière exponentielle, vous pouvez tenir un cahier personnel. Vous y écrirez vos rêves, vos actions et votre cheminement. Pour aller plus loin dans l’opération, vous pourrez relire votre carnet quelques semaines plus tard ou bien écrire vos pensées, comme si vous vous adressiez à votre intuition. Vous gagnerez ainsi en clarté et découvrirez probablement des réponses à vos questions (car elles se trouvent déjà en vous) ;

Enfin et non des moindres

Pratiquer quotidiennement pour progresser. Il n’y a pas de miracle pour améliorer votre intuition, il va falloir répéter ces actions sur une courte période chaque jour. Vous pouvez par exemple vous entraîner et mesurer le niveau de certitude de votre intuition allant d’une échelle de 1 à 10 lorsque vous la voyez apparaître. Vous l’aurez compris, plus vous vous pratiquez et plus il sera facile de la reconnaître et de l’écouter.

Bien sûr, la logique et le raisonnement vous permettent de prendre des décisions éclairées et posées. Mais il est aussi important de vous laisser guider par votre intuition car elle vous permet de saisir de véritables opportunités. Au début de notre vie, nous sommes naturellement intuitifs puis nos modes de vie déconnectés de la nature nous coupent peu à peu de nos ressentis. Nous avons vu que l’intuition est prouvée scientifiquement et peut être développée dans votre vie quotidienne ou lors d’un voyage. J’espère que vous pourrez expérimenter ces conseils et développer ce sixième sens. Si vous voulez allez plus loin, je vous recommande la lecture de Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée ou de D. Kahneman et de visionner la série Le jeu de la Dame.

Inès Trumel du blog 999vies.net

Sources :

Kyo, W.J, Sjöstrom, T., Chen, Y. P Wang, Y. H & Huang, C. Y. Intuition and délibération : Two systems for strategizing in the brain, Farrar, Straus and Giroux, 2009, 542 pages.
Kuo, W. J., Sjöström, T., Chen, Y. P., Wang, Y. H., & Huang, C. Y. (2009). Intuition and deliberation: Two systems. KAHNEMAN, Daniel. Système 1, Système 2, les deux mondes de pensées for strategizing in the brain. Science, 324 (5926), 519–522.