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Comment Hugo a subi 3 ÉCHECS de création d’ENTREPRISE… et s’en est REMIS :)

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Transcription texte de « Comment Hugo a subi 3 ÉCHECS de création d’ENTREPRISE… et s’en est REMIS 🙂 »

Olivier Roland : Bonjour, ici Olivier Roland.

Bienvenue dans cette nouvelle vidéo qui est une nouvelle vidéo de la web série de « Les entrepreneurs qui font bouger la France ». Je suis actuellement avec Hugo.

Salut Hugo.

Hugo Amsellem : Salut Olivier.

Olivier Roland : Je parle beaucoup de success story finalement sur ma chaîne, je présente des entrepreneurs qui ont réussi et je me suis dit que ce serait intéressant de montrer que la vie d’un entrepreneur n’est pas toujours tout rose, que l’échec fait souvent partie du parcours d’un entrepreneur. Et Hugo, on vient juste de se rencontrer et tu m’as dit « j’ai créé trois boîtes dont deux se sont plantées et l’autre, tu m’as dit ?

Hugo Amsellem : Elle s’est semi-plantée.

Olivier Roland : Elle s’est semi-plantée. Donc, tu as été très gentil, tu as bien voulu partager cela avec nous. Là, on est actuellement dans les bureaux de The Family. Tu travailles ici à The Family. Rapidement, qu’est-ce que tu fais ?

Hugo Amsellem : Moi, je suis un alchimiste à The Family.

Olivier Roland : Ils ont des noms de poste génial. J’ai rencontré le chef en bonheur de The Family qui est chargé de rendre tout le monde heureux. C’est extraordinaire.

Hugo Amsellem : Oui, alchimiste, c’est un peu pareil. Je crée des alchimies entre les gens. Et comment je fais cela ? Je crée les évènements et j’essaie de faire venir le plus de gens cools qui parlent et qui inspirent les entrepreneurs à venir de la place parisienne puisque tous nos évènements sont gratuits et ouverts.

Olivier Roland : Ok. Donc, tous les entrepreneurs peuvent venir à The Family rue du Petit Musc pour découvrir l’écosystème vraiment extraordinaire qui a été mis en place ici. Je pense que le but notamment d’Oussama, d’Alice et de Nicolas, c’est d’essayer de recréer un peu l’ambiance qu’on peut trouver à San Francisco. En tout cas, un écosystème simple pour les entrepreneurs. Et c’est vraiment extraordinaire l’ambiance que vous avez créée. Et ce n’est pas seulement l’ambiance, ce n’est pas juste du feel good, c’est vraiment toute une infrastructure et un accompagnement qui sont concrets pour aider les jeunes entrepreneurs.

Donc, tu as toi-même un parcours d’entrepreneur. Quel âge as-tu aujourd’hui ?

Hugo Amsellem : 27 ans. Je fais beaucoup plus jeune, mais j’ai 27 ans.

Olivier Roland : Tu as 27 ans et tu as quand même créé trois entreprises. Quand est-ce que tu t’es lancé pour la première fois ?

Hugo Amsellem : En gros, je suis parti à San Francisco pour faire 6 mois d’études. Je suis parti là-bas pour la musique, je suis revenu avec le virus des startups. C’était en 2007. Et à partir de 2007, j’ai commencé à lire les TechCrunch et tous les médias qui commençaient à arriver sur la place startup qui relataient les levées de fonds, les nouvelles startups et les nouvelles applications puisqu’en 2007, c’était l’iPhone qui venait de sortir. Petit à petit, je me suis intéressé à cela, et à un moment, j’ai décidé de tenter quelque chose.

Olivier Roland : En tout cas, tu es parti pour étudier de la musique.

Hugo Amsellem : Oui, enfin, je suis parti pour apprendre.

apprendre et découvrir le monde startup

Olivier Roland : Et tu t’es fait quand même contaminer par l’état d’esprit entrepreneurial de la Silicon Valley.

Hugo Amsellem : En fait, je l’ai cherché mais de façon un peu naïve puisque j’ai pris deux cours quand je suis parti à l’université à San Francisco. Un, c’était histoire du Rock’n Roll, et deux, l’histoire des startups.

Olivier Roland : D’accord. Tu étais juste intéressé à la base.

Hugo Amsellem : Je me suis dit oui, pourquoi pas ?

Olivier Roland : Tu étais sensible à cela ?

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : C’est peut-être aussi pour cela que tu es parti à San Francisco et pas, je ne sais pas.

Hugo Amsellem : Non, justement je suis parti parce que pour moi, c’était la ville des hippies. C’est pour cela que j’y suis allé. L’histoire des startups, pourquoi pas ?

Olivier Roland : Ok, intéressant. Donc, c’est là où tu as chopé le virus. Et quand tu es rentré en France, tu as voulu créer ta startup à toi.

Hugo Amsellem : Exactement. Et pour faire un enchaînement avec les échecs, j’ai fait mon premier projet en 2009 et c’était sur toute la vague de géolocalisation. Il y avait tout Foursquare qui venait de sortir, qui avait défriché toute la possibilité de géolocaliser les lieux. Il proposait une base de données complètement ouverte des lieux et notamment dans Paris. Et avec un pote, on a décidé de créer une plateforme où on s’échangeait en one to one des tips des lieux qu’on aimait bien. Je lui disais « tiens, j’adore ce lieu-là, tu devrais… » Et après, tu avais une liste des lieux pour après quand tu as envie de sortir d’avoir des idées.

À ce moment-là, et c’est là le premier échec et la première leçon, c’est qu’on a bêta-testé une app qu’on avait découverte d’entrepreneurs à San Francisco qui bêta-testaient aussi la nôtre. On était vraiment au même niveau, c’est-à-dire qu’on était sur une app Html 5, donc vraiment un embryon. Et nous, on a commencé à développer, ils ont développé. Ils ont appris beaucoup de choses, ils ont fait des pivots. Nous, on a un peu pivoté, mais pas trop.

Olivier Roland : Pivoter, juste pour ceux qui ne savent pas, cela vient du lean startup. Cela veut dire que quand on démarre, on a une idée de comment cela peut marcher. Souvent, cela ne marche pas. Et quand on pivote, c’est qu’on se dit Ok, on va essayer un autre angle d’attaque pour que cela marche.

Hugo Amsellem : Exactement. Donc, ces gars-là avec qui on échangeait souvent, ils étaient en fait une version Html 5 de Foursquare. Une Html 5, c’est dans le navigateur. L’application n’est pas en natif, qu’on télécharge sur l’App Store.

Olivier Roland : Ce n’est pas un truc qu’on installe, il faut juste aller sur le site web.

Hugo Amsellem : Exactement. C’était pour dire « je suis ici, je suis là, c’est génial ». Ils ont implémenté la possibilité de mettre des photos sur le checking, donc de dire « en plus d’être là, voilà ce que je vois. » Ils ont décidé de s’enfermer pendant 4 semaines dans leurs bureaux pour, après ces leçons-là, essayer de sortir un nouveau truc. Ils l’ont sorti en même temps que nous. On l’a bêta-testé, et ils ont décidé d’appeler cela Instagram. Et en 30 jours, ils ont fait un million de téléchargements, et en 30 jours, on en a fait 500. Premier échec.

Olivier Roland : Waouh, un million et 500.

Hugo Amsellem : Exactement. Le succès était évident. Et nous, en voyant l’évidence de ce succès de gars qu’on connaissait bien, on a décidé de se dire « nous, on a échoué, on arrête. »

Olivier Roland : Qu’est-ce qui a fait la différence entre vous deux, entre ces deux projets ?

Hugo Amsellem : C’était des brutes de l’exécution.

Olivier Roland : Tu ne penses pas que c’est l’environnement qui était plus favorable pour eux puisqu’ils étaient dans la Silicon Valley ?

Hugo Amsellem : Aussi, évidemment.

Olivier Roland : Aussi. Mais ils étaient meilleurs quand même dans l’exécution.

Hugo Amsellem : Complètement de loin.

Kevin Systrom, c’est un gars qui est sorti de Google et qui a tenté l’aventure entrepreneuriale juste à la sortie de son expérience de grosse boîte. Évidemment, il a levé un peu d’argent, mais surtout il a appris à tout faire tout seul. Il a appris à coder le Ruby en quelques mois, il a appris à créer les filtres qu’il a utilisés pour Instagram, les filtres d’Instagram qui ont fait sa force. C’est lui qui les a compris, qui a pris les courbes mathématiques de variation de couleurs et qui les a appliquées. Je me souviens qu’il le faisait lui-même. Cela, c’est de la résilience et la détermination que moi en tout cas à l’époque, je n’avais sûrement pas et dont je n’avais surtout pas l’idée qu’on puisse l’avoir.

Donc, premier échec. Leur succès est évident et nous, on arrête.

Olivier Roland : Et là, on a un concept très important, c’est que souvent beaucoup d’entrepreneurs débutants, ils ont l’impression quand ils ont une idée, c’est la plus géniale du monde et que rien que ça, c’est une force. Mais souvent, ce qu’on dit dans le monde des startups, c’est que l’idée, ce n’est rien, c’est l’exécution derrière qui fait tout, parce que souvent si vous avez une idée, il y a des tas d’autres gens qui ont la même idée à ce moment-là dans le monde, et c’est celui qui va la mettre en place la plus rapidement et le mieux sur le marché qui va gagner finalement. C’est ce qui s’est passé là.

En tout cas, tu as un regard très objectif. Tu n’hésites pas à dire que c’était ta faute, que tu n’as pas réussi à être aussi bon qu’eux. Tu ne vas pas chercher des excuses, donc ça, c’est intéressant. Je pense que c’est quelque chose qui fait partie de la démarche des entrepreneurs vraiment entrepreneuriale, qui ne font pas l’autruche. C’est vraiment la qualité première d’un entrepreneur, c’est de ne pas faire l’autruche et d’affronter les problèmes à bras le corps, et cela implique de voir les choses avec objectivité.

Hugo Amsellem : Exactement, et en France particulièrement. En France, on a une grande force mais qui, pour l’entrepreneur, parfois est un grand défaut, c’est la force de la rhétorique. On est capable pendant des heures de discuter et on voit cela dans les dîners quand on va avec des potes. On est capable sur des points très petits de prendre de grands débats, de se mettre sur ses grands chevaux. En fait, on aime cela.

Olivier Roland : Oui. Et souvent les Anglo-saxons quand ils voient cela, ils se disent « mais ils étaient potes, pourquoi ils sont comme cela ? »

Hugo Amsellem : Alors qu’on est toujours pote.

Olivier Roland : Ils ont l’impression que les gens, ils sont en train de se disputer et que c’est fini, alors que c’est juste une discussion entre amis un peu vive, mais un débat intellectuel. C’est vrai qu’ils n’aiment pas cette approche-là les anglophones.

Hugo Amsellem : Ce n’est pas cela pour les startups. C’est qu’il y a une devise qu’on a fortement à The Family et que les entrepreneurs ont de façon consciente ou inconsciente à la Silicon Valley, à San Francisco, c’est « Often Wrong, Never Doubt », « J’ai souvent tort, mais je ne doute jamais. ». Donc, tu verras souvent un entrepreneur venir te dire « A, A, A, c’est ça, c’est ça, c’est ça, c’est la version A » pendant des mois, et quand il va se rendre compte que ce n’est pas cela, très rapidement, il va faire B, B, B. Il va le dire avec les mêmes convictions.

Olivier Roland : C’est le pivot.

Hugo Amsellem : C’est cela le pivot. En fait, c’est ce mindset-là. Le but, ce n’est pas d’avoir raison, de prouver que j’ai raison. Le but, c’est juste que cela marche, qu’il se passe un truc.

Olivier Roland : Il y a une dimension pragmatique que les Anglo-saxons ont qu’on n’a pas puisque comme tu dis, on est capable de se perdre dans des débats théoriques.

Hugo Amsellem : C’est génial. Dans plein de domaines, c’est génial pour l’entrepreneuriat. Ils ont un autre dicton qui est très drôle et c’est pour montrer leur objectivité face à l’entrepreneuriat, qui n’est pas du domaine de l’idée, donc de la beauté, mais de l’exécution et donc du concret. C’est qu’ils disent « In God we trust, for all others, bring data », « On croit en Dieu, mais pour tous les autres, vous ramenez des données », pour valider ou pas valider ce que vous pensez. Et ça, c’est fondamental.

Olivier Roland : C’est bien les hypothèses, mais derrière, il faut des choses qui les appuient.

Hugo Amsellem : Il faut les prouver.

Olivier Roland : Ok. Donc premier projet, tu décides d’abandonner parce que tu vois le succès d’Instagram, tu dis « on ne pourra jamais lutter ».

Hugo Amsellem : Je vois surtout la violence de ce qu’est un succès et de ce qu’est…

Olivier Roland : Et tu ne t’es pas dit « je pourrais être le dailymotion de l’Instagram ».

Hugo Amsellem : Non, on était plus dans une démarche de ce qu’on appelle de MVP, donc Minimum Viable Product, qui est de dire : on sort une fonctionnalité très limitée mais sur un usage très spécifique, et on voit après si cela marche ou pas.

Il s’avère que le succès d’Instagram a été tellement fulgurant et on a tellement aimé ce qu’ils ont proposé dans la photo géolocalisée. Et nous, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’usage. On n’a pas voulu continuer pour trouver un autre MVP et compagnie.

Olivier Roland : Tu t’es dit que c’était un coût d’opportunité trop important par rapport au fait de lancer une nouvelle boîte.

Hugo Amsellem : Oui. On a adoré voir ce qu’ils ont fait de génial et se dire, nous, ça va.

Olivier Roland : Intéressant, Ok. Alors, deuxième projet.

Hugo Amsellem : Deuxième projet qui mixait ma passion pour la musique et ma passion pour les startups.

Olivier Roland : C’était juste après ?

Hugo Amsellem : C’était juste après.

Olivier Roland : Donc, tu t’es arrêté et tu t’es dit « c’est quoi mon nouveau projet ? ».

Hugo Amsellem : Oui. En fait, je l’avais lancé quand j’étais encore étudiant. J’étais plus dans une démarche de tester et de voir ce qu’on pouvait faire rapidement. Et c’est bien puisqu’on l’a fait rapidement et on a échoué rapidement.

Le deuxième projet qui était dans la musique, on a sorti une plateforme de crowdfunding et de crowdsourcing pour les artistes, donc les musiciens, qui permettait aux gens d’aider les artistes en leur donnant soit de l’argent, soit des compétences, soit du temps. On sait ce que c’est que les compétences. Cela peut être de développer son site, d’être ingé son, de jouer un peu de guitare. Et le temps, cela pouvait être de faire du bénévolat pour l’artiste s’il avait besoin de coller des affiches dans la rue ou quoi que ce soit.

Donc cela, on l’a sorti. Il s’appelait oocto.com. On a beaucoup aimé le faire pendant de nombreux mois à essayer de comprendre ce qui pouvait aider le plus profondément les artistes. On était de grands passionnés de musique. Clairement, on a réussi sur une partie, c’est-à-dire qu’on a des artistes qui sont venus et on commençait à avoir de l’attraction. Je crois que dans les 6 premiers mois, on a réussi à lever 500 000 euros pour une centaine d’artistes.

Olivier Roland : Auprès de business angels français ?

Hugo Amsellem : Non, auprès de leurs fans. C’est vraiment comme…

Olivier Roland : Ah auprès de leurs fans, d’accord. C’est du crowdfunding.

Hugo Amsellem : Crowdfunding, comme kickstarter, avec en plus de la possibilité de donner autre chose que de l’argent. C’était vraiment cela le but initial.

Hugo Amsellem : Et au final, on a eu un associé qui ne fonctionnait pas avec nous.

Olivier Roland : Vous étiez combien d’associés ?

Hugo Amsellem : On était quatre.

Olivier Roland : Quatre, oui, c’est quand même beaucoup.

choisir ses associés créer sa startup

Hugo Amsellem : Exactement. Puis, il y en a un avec qui cela s’est un peu moins bien passé. Et comme cela se passe très régulièrement dans les aventures entrepreneuriales, on a juste eu un problème avec lui et il nous a fait un procès derrière, ce qui a bloqué le process de levée de fonds future. Il nous a mis dans une léthargie entrepreneuriale qui est mortelle.

Olivier Roland : C’est dommage. Là, c’est ton projet qui était à un demi-succès ou un demi-échec. Il y avait un potentiel, il avait bien démarré. Tué dans l’œuf à cause de ?

Hugo Amsellem : On ne peut pas dire à cause de lui, à cause de nous.

Olivier Roland : À cause d’une mésentente.

Hugo Amsellem : À cause d’une mésentente.

En fait, la leçon dans ce genre de configuration, c’est qu’en général avec les gens, pour l’association, il faut suivre ses premières intuitions. Elles ne sont jamais fausses. Elles s’évitent, elles se calment quand on arrive à ne plus les écouter, mais c’est comme un acouphène. Au départ, c’est un petit son qui fait zzzz, et au fur et à mesure, ce son devient une force beaucoup plus grande et c’est beaucoup plus sourd, beaucoup plus pesant, prenant. Et au bout d’un moment, on n’entend plus rien, comme les acouphènes. Cela vvvvv.

Et là, on voit qu’il fallait écouter le premier acouphène au départ et décider que ce soit pour un associé, que ce soit pour un employé, que ce soit pour un stagiaire. Même un stagiaire, il faut écouter ses premières intuitions parce que son inconscient sait tout de suite mieux ce qui est bon pour soi et ce qui est bon pour la boîte que le conscient.

Cela ne veut pas dire qu’il faut uniquement marcher au coup de cœur et fermer les yeux et dire « je dis bonjour et c’est bon », non. C’est un équilibre entre les deux, mais l’intuition est beaucoup plus importante sur les gens que le rationnel de ce qu’on imagine quand on monte une boîte, d’un processus d’entretien avec bonjour et vous vous voyez où dans 5 ans ? Non, ce sont des conneries. Allez boire un verre. Bourrez-vous la gueule avec quelqu’un. Que ce soit un associé ou un premier employé, vous comprendrez beaucoup mieux qui est la personne et ce qu’il va pouvoir faire avec vous.

Olivier : Donc là, le processus de recrutement, c’est d’aller dans un bar et de se mettre une grosse mine avec les associés parce que tu vois la personne humaine quand même, c’est important, et pas seulement la façade.

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : Il y avait aussi un entrepreneur qui m’avait donné une bonne astuce. Il m’a dit « si tu veux voir comment quelqu’un est vraiment, tu fais un long voyage en voiture avec lui. »

Hugo Amsellem : Là, encore mieux, oui.

Olivier Roland : Oui. Genre tu vas avec lui à Paris-Berlin en voiture. Il a dit « viens », et c’était une manière pour lui aussi de tester un peu la personne. Il faut mettre en place des petits trucs comme cela pour… Mais tu ne crois pas que 4 associés, déjà à la base, c’est trop et que cela augmente les risques de mésentente ?

Hugo Amsellem : Complètement. En général, on dit que de toutes les startups qui réussissent, quand on est seul dans la startup, on n’a que 5% de chance de réussir par rapport à tous ceux qui réussissent, c’est-à-dire que cela nous enlève 95% des chances de réussir, naturellement.

Olivier Roland : De toute façon, on voit des startups qui sont devenues des grosses boîtes. Il n’y en avait aucune qui a été créée par une seule personne, c’est au moins deux personnes.

Hugo Amsellem : Exactement. Tout le reste, ce sont des mythes qu’on nous a racontés après. Les Steve Jobs

Olivier Roland : Mais non, Steve Jobs, il a créé avec Steve Wozniak. Sans Steve Wozniak, il n’y aurait rien du tout. Bill Gates, il avait Paul Allen et puis encore un autre, je ne sais plus comment il s’appelle mais bref.

Hugo Amsellem : Ballmer était un peu là aussi au départ.

Olivier Roland : Pas tout de suite, mais oui. Rapidement, oui.

Hugo Amsellem : C’est-à-dire qu’il y a beaucoup de gens qui ont été là dès le départ. Zuckerberg, il y a des co-fondateurs : Dustin Moskovitz.

Olivier Roland : Zuckerberg et il y avait un co-fondateur, oui.

Hugo Amsellem : Alors qu’il l’a viré. Et en plus, il y avait Dustin Moskovitz. Il y en avait vraiment.

Olivier Roland : Mais rapidement, il y a le mec de Napster qui est arrivé, qui a été une influence importante.

Hugo Amsellem : S’il y a 4 ou 6% comme cela.

Olivier Roland : Oui.

Hugo Amsellem : Ce sont des gens qu’avec l’histoire, on oublie, ce n’est pas grave pour eux. C’est juste que c’est grave pour tous ceux qui pensent qu’on peut créer sa boîte tout seul.

Olivier Roland : On peut, mais cela dépend de l’ambition qu’on a. Moi, je suis un solo entrepreneur. Je suis très content comme cela. Mais si tu veux faire une boîte qui fait des milliards et qui touche la planète entière, clairement quand tu regardes ce qui s’est passé en… les datas, comme tu dis, c’est très rare que cela marche.

Hugo Amsellem : Exactement. En fait, les datas ont été faites sur un truc qui s’appelle Startup Genome et qui a recensé dans le monde entier des centaines et des milliers d’entrepreneurs.

Olivier Roland : Je ne connais pas, Startup Genome.

Hugo Amsellem : Startup Genome.

Olivier Roland : Super. Donc, ils se sont plongés un peu dans les facteurs de succès ?

facteurs de succès des startups entreprises

Hugo Amsellem : Ils ont demandé à toutes les startups du monde entier avec beaucoup de viralité et pas de moyen, aux startupers de donner à la fois leur expérience et à la fois leur présent, donc leur passé et leur présent, et d’en faire des données. Ils ont crunché cela et ils ont montré que quand on est seul, on casse 95% des chances de réussir. Quand on est deux, on arrive à 95% de chances de réussir par rapport à son potentiel. Donc, on ne s’enlève pas trop de chances de potentiel absolu de la team de ne pas réussir.

Olivier Roland : Oui, parce qu’on sait quand même qu’une boîte en France, 50% des entreprises mettent la clé sous la porte avant leur 5 ans.

Hugo Amsellem : Oui, je dis par rapport… Si tu prends un potentiel de réussite, s’il est seul, il ne va pas exprimer son vrai potentiel de réussite. À deux, on arrive à exprimer ce potentiel. À trois aussi. Et à quatre, cela revient au même niveau qu’à un. Donc, c’est vraiment deux ou trois. Après, au-delà, on n’en parle plus.

Olivier Roland : Cela, tu l’as appris après ?

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : Tu as regardé un peu et…

Hugo Amsellem : J’ai appris après.

Olivier Roland : Ok. En tout cas, la leçon est apprise. C’est dommage, mais alors du coup, là, vous êtes toujours bloqués, vous n’avez pas une possibilité de reprendre là.

Hugo Amsellem : Non, je suis à The Family, donc je ne suis pas entrepreneur sur cette boîte. Peut-être que j’aurais arrêté, peut-être qu’on aurait échoué pour d’autres raisons.

Olivier Roland : C’est vrai. En tout cas, c’était bien parti.

Hugo Amsellem : C’était en tout cas mieux parti que ce qui s’est passé.

Olivier Roland : Que ce qui s’est passé après.

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : Pendant ce temps-là, comment fais-tu au niveau des ressources parce que vous ne pouvez pas vous payer de salaire ? Tu as fait comment ?

Hugo Amsellem : On se défraie les choses, on se défraie un maximum de frais.

Olivier Roland : C’est la boîte qui paie quelques frais.

Hugo Amsellem : Exactement. Nous, on était à l’incubateur Sciences Po, on sortait juste des études. Je n’ai pas fait Sciences Po, mais un de mes cofondateurs avait la chance d’avoir fait Sciences Po, du coup, on a pu être accueilli dans ces locaux-là. Il nous donnait à la fois des ressources logistiques, donc un endroit pour travailler, à la fois des ressources légales comptables gratuitement. Et en fait, on a levé un peu moins de 100 000 euros pour pouvoir explorer pendant un ou deux ans, et entre les deux, on arrive à se recouper en défrayant des choses et en se versant un minimum.

Olivier Roland : C’est aussi l’avantage quand on démarre en étant étudiant. On n’a pas de gros besoins : on n’a pas de famille, on n’est pas habitué à un certain style, confort de vie. On peut se contenter de pas grand-chose. C’est ce que j’ai fait aussi. J’ai créé ma boîte à 19 ans. On s’en fout, ce n’est pas le plus important.

Hugo Amsellem : C’est un grand avantage.

Olivier Roland : Oui, c’est clair, c’est un grand avantage.

Alors le troisième projet, c’est pareil. Juste après, tu as enchaîné ?

Hugo Amsellem : Oui, juste après, on a enchaîné avec les trois restants.

Olivier Roland : Tu as vraiment le virus.

Hugo Amsellem : Oui, mais après, cela a continué comme ça. Je ne sais pas si c’est un virus, mais en tout cas, on ne voit pas d’autres options pendant un bon moment quand on monte des boîtes.

Après, avec les trois restants, on est parti à San Francisco sur un projet complètement différent, sur une structure complètement différente. On est parti nous trois, et on s’est dit « On se donne trois mois. On a une idée, on va essayer de l’exécuter le mieux possible et on voit si cela marche ou pas. » Donc, on est parti sur l’idée de créer une app pour aider l’organisation des plans à court terme avec ses potes, un truc que beaucoup de gens ont essayé de taper, mais on pensait avoir trouvé un angle particulier pour pouvoir essayer de créer un usage. Avec ces hypothèses-là, on est parti dans la Valley.

Olivier Roland : Vous êtes partis carrément ?

Hugo Amsellem : On est parti dans la Valley pour trois mois puisque le visa n’est que de trois mois. Donc, on est parti là-bas et on a découvert la violence de l’entrepreneuriat à startup à San Francisco.

Olivier Roland : C’est-à-dire compétition tellement intense que c’est une sorte de bain de sang, c’est cela ce que tu veux dire ?

Hugo Amsellem : C’est un bain de sang, et c’est surtout un… En gros, on était dans une startup house en haut de la tour où il y a la suite rotoworld, donc on voyait tout San Francisco. On était dans une baraque de 15 startupers et on était tous en train de taffer pour vivre.

Olivier Roland : Français ?

Hugo Amsellem : Non, américains. On était les seuls français. Et on se rend compte de la compétition quand on voit que les gars là-bas dans notre maison par exemple n’ont pas un cycle de sommeil de 24 heures. Ils se décident de dormir 9, 10 heures, puis de travailler 22 heures, et de repartir comme cela et de ne pas respecter les jours.

Olivier Roland : Oui, qui sont en fait décalés

Hugo Amsellem : Parce que c’est plus productif. Ou alors, il y avait plusieurs qui avaient commencé la cigarette électronique pas parce qu’ils voulaient fumer ou ils avaient fumé, ils ne fumaient pas à l’origine, mais parce qu’en fait, ils fumaient la cigarette électronique pendant qu’ils travaillaient. Et avec la nicotine associée à l’addiction au travail, ils se rendaient addicts au travail.

Olivier Roland : Donc, ils ont fait cela consciemment ?

Hugo Amsellem : Consciemment.

Olivier Roland : Ça, c’est vraiment le type de hack que les gens de la Silicon Valley adorent.

Hugo Amsellem : Complètement. Il y avait des poudres. Tu vois un sachet de poudre blanche, tu dis « Vous faites quoi là, vous déconnez ? » « Non. En fait, c’est une substance qui nous permet d’agrandir la capacité connective de 20%. »

Olivier Roland : C’est de la drogue ou pas ?

amphétamines pour le cerveau hack de productivité

Hugo Amsellem : Ce n’est pas de la drogue, c’est légal. Tu peux le commander.

Olivier Roland : C’est une sorte d’amphétamine pour le cerveau.

Hugo Amsellem : Exactement. C’est totalement légal sauf que c’est du hack. On a vu à quel point, en tout cas pour moi, je ne parle pas pour mes co-fondateurs, mais j’ai vu la violence de l’entrepreneuriat startup comme cela devrait l’être, ou en tout cas, l’entrepreneuriat startup avec lequel on est en compétition. Même quand on est en France, on est en compétition avec ces gens puisque le marché est global maintenant. Et moi, je me suis dit ce n’est pas le jeu particulièrement auquel j’ai envie de jouer maintenant et je ne préfère plus jouer au jeu de startup.

Et du coup, je suis revenu en France et Oussama qui me suivait sur les deux startups m’a dit « écoute mec, viens à The Family, on va se marrer, on est en train de commencer un truc cool. »

Olivier Roland : Donc là, ce n’était pas un échec quand même à Silicon Valley. C’est juste que tu as trouvé cela pas compatible avec ta manière de voir les choses.

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : Donc, c’était aussi un choix.

Hugo Amsellem : Exactement. C’est pour cela que je dis que là, ce n’est pas un échec. On n’a pas réussi à trouver d’usage, donc dans un certain point, c’est un échec. Mais ce que je disais tout à l’heure, c’est que personnellement, pour moi, cela a été une grande leçon et une grande opportunité de croissance comme on dit.

Olivier Roland : Ok, waouh. Super intéressant.

Merci Hugo d’avoir partagé tes trois échecs, en tout cas tes deux échecs plus un demi-échec. Je pense que cela montre un peu aux gens que ce n’est pas tout rose l’entrepreneuriat, qu’on peut se vanter, mais pour autant, tu n’es pas mort.

Hugo Amsellem : Non.

Olivier Roland : Tu es toujours là, tu es vivant, « Kicking ass » comme disent les amis Anglo-Saxons. Et donc, là, tu es à The Family, tu apportes de la valeur. Je suppose que tu as prévu peut-être de te relancer dans l’entrepreneuriat un jour.

Hugo Amsellem : Peut-être dans une forme différente, peut-être plus dans ce que tu as l’habitude de proposer, et puis dans un entrepreneuriat peut-être un peu plus équilibré.

Olivier Roland : Avec une meilleure qualité de vie.

Hugo Amsellem : Exactement.

Olivier Roland : D’accord. En tout cas, cela ne t’a pas donné une allergie à l’entrepreneuriat, ces trois échecs.

Hugo Amsellem : Une meilleure compréhension des différents jeux et des différentes règles du jeu qui sont associées.

Olivier Roland : Il y a sans doute pas mal de gens qui se disent « j’aimerais bien créer mon entreprise, est-ce que je vais me planter ou pas ? ». Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à quelqu’un qui veut créer sa boîte ? Comment gérer l’échec justement pour minimiser les risques d’échec et minimiser la casse si jamais il y a un échec ?

Hugo Amsellem : Pour moi, l’échec est à respecter, mais pas à dédramatiser. L’échec est à respecter parce que comme le disait Steve Jobs « la mort, c’est la meilleure invention de la vie puisqu’elle donne toute la saveur à l’aventure entre les deux ». Donc, il faut savoir apprécier l’échec, en avoir un peu peur, mais savoir surfer dessus.

Les bouddhistes disent souvent « Un homme sage est un homme flexible et doit pouvoir aller dans la vague du tao », et moi, c’est pareil par rapport à l’échec. Il ne faut pas en avoir peur, mais il faut le respecter et être à l’aise avec l’échec dans le processus. C’est un travail qui se fait principalement sur soi-même et après sur le monde, mais avant, davantage sur soi-même.

Olivier Roland : Donc là, ce que tu es en train de dire qu’il faut avoir cette philosophie, comme tu dis, ne pas dédramatiser l’échec, ce n’est quand même pas quelque chose de cool, on ne va pas chercher l’échec exprès, mais d’être souple comme le roseau et de savoir rebondir.

Hugo Amsellem : Exactement. Il faut savoir rebondir. C’est pour cela qu’aux Etats-Unis, on ne parle pas d’échec en tant que finalité, mais au final, on parle d’échec dans le processus itératif d’exploration. Et c’est très différent de ce qu’on a vu en France où on a une tendance à vouloir dédramatiser l’échec final. Non, dans la Valley, l’échec final, c’est la mort, la mort sociale, on est rayé.

Olivier Roland : C’est intéressant. On se dit « Ok, je veux réussir. J’ai eu un échec sur mon parcours, mais au final, je vise quand même le succès à la fin ».

Hugo Amsellem : Exactement, c’est la différence. C’est une grande différence entre l’échec et la résilience. La résilience, c’est être capable d’apprendre de ses hypothèses en échouant dans une certaine mesure pendant l’aventure dans la direction du succès. Et nous, ce qu’on entend par échec en mode c’est cool, c’est « Oui, j’ai planté ma boîte, j’ai mis la clé sous la porte, mais c’est cool ». Non. Ça, c’est la mort. Et la mort, il faut en avoir peur pour bien vivre. Si on n’a pas plus peur de la mort, on ne vit plus trop bien.

Olivier Roland : Je pense que c’est une distinction très importante. Puis, c’est aussi le fait que je me suis planté, ce n’est pas être tellement cool par rapport à cela, que je ne vais pas justement analyser les causes de l’échec et en tirer une leçon.

Hugo Amsellem : Non. Si je suis dans la savane et je vois un tigre, je vais dire « oui, c’est cool, je peux mourir », je ne vais pas courir aussi vite que si j’ai vraiment peur de mourir, et là, je pars en courant. Et quand on parle de startup, on dit souvent que c’est un marathon qui se court en sprint de 100 mètres. Donc pour faire une bonne startup, il faut vachement avoir peur du tigre quand même.

Olivier Roland : Très importante nuance : l’échec, il faut quand même chercher à l’éviter. Ce n’est pas quelque chose de cool, c’est quelque chose qui ne va pas vous tuer, la preuve, tu es encore vivant, mais il faut toujours le prendre sérieusement et analyser les causes qui vous ont emmené à cela, et surtout essayer de le prévenir au maximum.

Hugo Amsellem : Un très beau résumé.

Olivier Roland : Oui. Essayer de le prévenir au maximum et aussi essayer de planifier quelque chose pour que si vous échouez, vous perdiez le moins de plumes possible. C’est rare, mais cela arrive qu’il y ait des entrepreneurs qui se retrouvent dans la rue parce qu’ils se sont endettés.

Hugo Amsellem : Que ce soit dans la rue financièrement et physiquement, ou que ce soit dans la rue socialement. Il y a beaucoup d’entrepreneurs qui sont exclus socialement de la Valley puisqu’ils ont échoué une fois et qu’ils ne sont pas en train d’essayer de réussir à nouveau. Du coup, ils ne rentrent plus dans le même jeu et ils ne sont plus dans la Valley mais ils partent dans la campagne.

Olivier Roland : Il ne faut pas se faire vaincre psychologiquement. C’est le genre d’échec qui n’est pas accepté. C’est l’échec matériel qui l’est si derrière, on continue et qu’on tire parti de cela.

Écoute, merci beaucoup. Je pense que Hugo, là, on finit vraiment très bien. C’est une nuance très importante. C’est vrai que cela peut entraîner une certaine confusion cette culture de l’échec qu’on pense comprendre qui vient des Etats-Unis. Donc, merci beaucoup d’avoir partagé tout cela avec nous. Et puis, merci pour ton courage parce que ce n’est pas facile, je pense, pour tout le monde, de partager comme cela ses échecs, donc merci beaucoup.

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