Trouver un emploi en situation de handicap : 5 conseils pour faire la différence

D’après le ministère de la santé et de la prévention, le handicap touche aujourd’hui 12 millions de personnes en France. La loi du 11 février 2005 précise que « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».

Selon les chiffres de l’INSEE : Handicaps moteurs (13,4% de la population française), déficiences sensorielles (11,4%), déficiences organiques (9,8%), handicaps mentaux et psychiques (6,6%) : 80% des handicaps sont invisibles.

Les mesures volontaristes gouvernementales et l’engagement de l’ensemble des associations concernées ont permis depuis plusieurs années de favoriser l’emploi des personnes handicapées.

En 2022, le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteignait 14% contre 18% en 2018. Les embauches ont également augmenté de 26% en un an. On retrouve une dynamique similaire dans les chiffres de l’apprentissage, avec une augmentation de 79% du nombre d’apprentis en situation de handicap entre 2019 et 2021.

Pourtant, nous sommes encore bien loin de l’obligation fixée aux entreprises de compter 6% de personnels en situation de handicap dès que l’effectif dépasse 20 salariés.

Les employeurs associent encore trop souvent le handicap à des contraintes, des frais supplémentaires à engager et à une performance moindre des collaborateurs concernés.

Note : Cet article invité a été écrit par Sébastien du blog Mon Super entretien d’embauche

Emploi et handicap : quelles sont les obligations des entreprises ?

Au 01/01/2020 :

Toutes les entreprises ont l’obligation de déclarer mensuellement les travailleurs handicapés qu’elles emploient
Les entreprises de 20 salariés et plus doivent avoir à minima 6% de leurs salariés reconnus RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé).
Les entreprises qui ne respectent pas cette règle doivent s’acquitter d’une contribution financière. Le montant de la contribution varie en fonction de la taille de l’entreprise (jusqu’à 5856€ par salarié manquant pour les entreprises de plus de 750 salariés).

Les grosses entreprises sont aujourd’hui de plus en plus sensibilisées à l’emploi des travailleurs handicapés. Mais beaucoup de petites structures vont souvent préférer payer une amende plutôt qu’engager une vraie politique de recrutement en faveur du handicap.

Quelles structures pour vous aider à trouver un emploi en situation de handicap ?

L’AGEFIPH (association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) :

Elle a en charge la collecte des fonds auprès des entreprises qui ne respecteraient pas la règle imposée par l’Etat. Ces fonds sont ensuite utilisés pour financer de nombreuses actions visant à favoriser l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Ces aides peuvent être versées directement aux bénéficiaires pour financer leur projet professionnel, leur formation ou l’accès à l’emploi.

La MDPH (maison départementale des personnes handicapées) :

Il s’agit d’un guichet unique d’informations sur la scolarité, l’emploi, le logement, les loisirs dont chaque département dispose.

CAP Emploi :

Organisme de placement spécialisé dans l’embauche des personnes handicapées dans les entreprises privées ou publiques partout en France.

L’ADAPT (association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) :

L’association met en place des forums et des Jobdating pour favoriser la rencontre entre candidats handicapés et recruteurs.

D’autres sites Internet à consulter pour trouver un emploi en situation de handicap :

Doit-on préciser son handicap sur son CV ?

Avant toute chose, le CV a pour but de présenter au recruteur ses formations, diplômes et expériences professionnelles. Il n’y a donc clairement aucune obligation de préciser des éléments liés à sa santé sur son CV.

En revanche, si le handicap nécessite un aménagement de poste ou des aides financières, il faudra bien évidemment le préciser au recruteur le plus rapidement possible.

Le fait de préciser son handicap sur le CV ou la lettre de motivation va donc dépendre de l’entreprise dans laquelle on postule et de sa situation personnelle.

Je conseille de le mentionner sur le CV si :

On postule via la mission handicap de l’entreprise. Votre candidature sera alors traitée séparément et le référent handicap de l’entreprise pourra alors l’appuyer auprès des RH
L’entreprise se dit « handi-accueillante » avec une forte communication en faveur de la mixité et de l’emploi des personnes en situation de handicap
Pour expliquer au recruteur une interruption dans son CV ou une reconversion professionnelle
Vous postulez via un cabinet de recrutement spécialisé dans l’emploi des personnes handicapées
L’entreprise a signé un accord ou une convention handicap
L’entreprise propose des produits ou services à destination des personnes en situation de handicap

Je conseille de ne pas le mentionner sur le CV si :

Vous postulez dans une petite entreprise ou une PME (plus de 20 salariés) qui ne communique pas du tout sur ses obligations en matière d’emploi de salariés handicapés
Votre handicap ne nécessite pas d’aménagement particulier du poste de travail

Où et comment le mentionner ?

Vous n’avez pas à informer le recruteur ou votre futur employeur de la nature de votre handicap. Cela relève de la vie privée. Seule la médecine du travail peut en être informée et elle est soumise au secret médical vis-à-vis de l’employeur.

Il suffit d’indiquer la RQTH avec ou sans aménagement du poste de travail. Ce qui intéressera l’employeur, c’est la nécessité de prévoir un temps partiel ou l’utilisation d’un matériel spécifique, mais certainement pas votre situation de santé.

Vous pouvez donc préciser la mention RQTH sur le CV ou dans la lettre de motivation.

Si vous préférez le mettre dans le CV, vous avez alors deux possibilités :

L’indiquer clairement au niveau de l’état civil en haut à gauche.
Le préciser (de manière « détournée ») au niveau des centres d’intérêt et loisirs par la pratique d’un handisport notamment.

L’essentiel est de rassurer votre interlocuteur sur le fait que vos précédentes expériences professionnelles se sont bien passées. Il ne faut également pas hésiter à l’informer sur la possibilité d’obtenir des aides spécifiques et surtout le convaincre que le fait de vous embaucher sera une vraie plus-value pour l’entreprise.

5 atouts pour faire la différence !

Selon l’AGEFIPH, 93% des employeurs ayant embauché une personne handicapée se déclarent satisfaits.« Ils sont même considérés par leur employeur comme plus consciencieux et plus fidèles à l’entreprise ».

Atout n°1 : Ce sont des salariés compétents, motivés et fidèles

Les salariés handicapés font souvent plus d’efforts que les autres pour montrer à leur employeur qu’ils sont tout aussi capables et compétents.

Ils sont également particulièrement reconnaissants vis-à-vis de l’entreprise qui leur a donné leur chance. On le constate régulièrement par un taux de turnover et d’absentéisme inférieur à la moyenne.

Enfin, ils sont souvent plus consciencieux, motivés et font preuve d’une grande capacité d’adaptation.

Atout n°2 : Mettre en avant la responsabilité sociale de l’entreprise

Au-delà des discours et des obligations règlementaires, le recrutement d’une personne handicapée permet de lutter concrètement contre les discriminations et les exclusions.

La responsabilité sociale de l’entreprise se renforce ainsi vis-à-vis de ses salariés, de ses clients et de ses partenaires (fournisseurs, etc…).

L’humain est ainsi mis au centre de l’entreprise avec une véritable réflexion sur l’organisation, la politique managériale et les conditions de travail.

Atout n°3 : La suppression des pénalités financières

En employant des personnes en situation de handicap, l’entreprise respecte les obligations règlementaires (6% mini pour une entreprise de plus de 20 salariés) et diminue ainsi les contributions financières versées à l’AGEFIPH.

Un excellent moyen de motiver votre futur employeur.

Atout n°4 : Les aides financières

Au-delà d’une diminution des pénalités en cas de non-respect de la règlementation, l’emploi d’une personne handicapée peut également donner lieu au versement de subventions pour l’entreprise.

Il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs :

Aide à l’embauche : jusqu’à 4000 €
Maintien dans l’emploi : jusqu’à 2000 €
Aide à l’adaptation du poste de travail
Aide à la formation
Etc…

Atout n°5 : Répondre aux pénuries dans certains secteurs

De nombreux secteurs d’activité peinent aujourd’hui à recruter des salariés compétents.

En ouvrant son recrutement aux personnes handicapées, les employeurs augmentent mécaniquement leurs chances de trouver des candidats compétents et motivés.

Nous l’avons vu, malgré les obligations règlementaires, trouver un emploi en situation de handicap est loin d’être simple.

Même si la situation s’améliore depuis plusieurs années, le taux de chômage des travailleurs handicapés reste largement supérieur à la moyenne nationale.

Pourtant, l’emploi d’une personne en situation de handicap présente de nombreux atouts pour l’entreprise : salariés compétents, motivés et fidèles, responsabilité sociale de l’entreprise, suppression des pénalités, aides financières et répondre aux pénuries sectorielles.

Il est temps de déconstruire les idées reçues et de booster l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises.

Sébastien du blog Mon Super entretien d’embauche