Ma relation avec Rachel est très anti-fragile.
Même lorsque l’un de nous deux est au plus mal ou lorsqu’il y a beaucoup d’agitation autour de nous, notre relation ne court que peu de risques.
Que nous disions ou fassions des choses très stupides, nous restons soudés.
La liberté d’exprimer différentes facettes de notre personnalité, d’explorer de nouvelles valeurs et d’opérer des changements majeurs dans notre carrière ou notre mode de vie ne remet nullement en cause notre cohésion.
Notre relation est si solide qu’il semble inconcevable d’identifier un domaine où l’un de nous serait tenté de dépasser une limite rigoureusement imposée par l’autre.
Il en est ainsi depuis le tout début.
En repensant à notre première rencontre, je suis convaincu que notre destin était déjà scellé, peu importe ce que nous aurions pu dire ou faire à ce moment-là.
Il y avait une multitude de chemins qui nous menaient à une connexion profonde, comme si notre destin était inextricablement lié.
Si notre rencontre n’avait pas eu lieu de cette manière, elle aurait inévitablement pris une autre forme, à un autre moment.
Dès que nos vies se sont entremêlées, il était évident qu’une relation amoureuse était inévitable.
J’entretiens également des amitiés et des relations professionnelles résilientes.
Elles étaient anti-fragiles dès le début et le sont restées par la suite.
Elles se sont formées avec un certain sens de l’inévitable, et il faudrait une force énorme pour les rompre par la suite.
Ces relations ne sont pas si vulnérables qu’un simple désir de rupture de l’une ou l’autre personne puisse les menacer, peu importe ce qui se passe.
Il est possible qu’une relation fragile au départ devienne moins fragile au fur et à mesure qu’elle se développe, mais selon mon expérience, les relations résilientes ont tendance à l’être dès le départ.
Caractéristiques des relations résilientes
La compatibilité est un facteur clé d’une relation résiliente.
Plus elle est élevée entre deux personnes, plus leur relation est susceptible de résister aux épreuves du temps.
Lorsqu’il existe un écart important de valeurs fondamentales, et que la compatibilité est donc plus faible, la relation devient plus fragile.
Pour qu’une relation tienne dans la durée, il faut qu’elle s’appuie sur des valeurs profondément ancrées qui ne sont pas susceptibles de changer.
Accorder le bénéfice du doute est un autre facteur clé pour bâtir une relation résiliente.
Les individus enclins à interpréter négativement les intentions d’autrui sont plus susceptibles de se retrouver dans des relations fragiles.
Ils auront tendance à accumuler les déceptions, attribuant une connotation négative à chaque événement, et multipliant ainsi les motifs de rupture.
Ceux qui aspirent à des relations résilientes se lassent généralement assez vite des relations où suspicions et méfiances sont répétées à leur égard.
Les relations marquées par une telle défiance ne représentent pas un investissement judicieux à long terme, car elles risquent fort de se briser tôt ou tard.
Le facteur clé le plus important est probablement la capacité à pardonner.
Les gens font des erreurs.
Ils se marchent sur les pieds.
Ils disent les mauvaises choses de la mauvaise façon au mauvais moment.
Si vous ne pouvez pas pardonner, il est peu probable que vous puissiez entretenir pendant longtemps une relation riche et significative.
Il est inévitable qu’un jour, votre partenaire commette une erreur à vos yeux.
Si vous accordez une importance démesurée à cet événement et le jugez impardonnable, cela risque de mettre fin à votre relation.
Et si vous arriviez à pardonner cette erreur ?
Certaines relations méritent d’être sauvegardées.
Ce problème est-il une raison valable pour renoncer entièrement à la relation ?
Une personne plus indulgente trouverait-elle de bonnes raisons de maintenir la relation ?
Rachel et moi faisons tous deux des erreurs, et sommes prompts à nous pardonner mutuellement ainsi qu’à nous accorder le bénéfice du doute.
Il est souvent ambigu d’interpréter les événements, aussi est-ce particulièrement agréable d’être en couple avec quelqu’un qui, par défaut, considère que vos intentions sont bonnes, bienveillantes, intelligentes, etc.
Savoir reconnaître ses torts et présenter des excuses sincères est louable, mais la capacité à pardonner demeure une qualité bien plus précieuse.
Si votre partenaire et vous êtes capables de vous excuser, mais que l’un d’entre vous n’est pas capable de pardonner, la relation ne durera pas.
À l’inverse, si vous êtes tous deux peu enclins à présenter des excuses, mais que vous excellez tous deux dans l’art du pardon, votre relation aura bien plus de chances de perdurer et de se renforcer.
Je n’ai pas vraiment besoin que les autres me présentent des excuses ; pour moi, les excuses font partie des choses « agréables à recevoir », mais ne sont absolument pas essentielles.
Il arrive que des personnes s’excusent auprès de moi alors que je n’avais pas l’impression qu’elles m’avaient blessé.
Et il est également arrivé que des personnes s’excusent auprès de moi des années plus tard pour des événements que j’avais oubliés et des transgressions imaginaires que je n’avais jamais perçues comme telles.
Cela vous est-il déjà arrivé ?
En revanche, cultiver ma capacité à pardonner s’est révélé d’une grande utilité.
Autrefois, j’éprouvais des difficultés à pardonner, et je nourrissais souvent des rancœurs qui pouvaient se muer en colère, en ressentiment, voire en désir de vengeance.
Puis j’ai lu que le pardon n’est pas un cadeau que nous faisons à celui qui nous a offensé — c’est un cadeau pour nous-mêmes.
Cela m’a permis de changer d’état d’esprit.
Je pardonne parce que c’est bon pour moi, et pour mes relations.
Aujourd’hui, je considère le pardon comme un moyen de traiter l’énergie bloquée et de la faire circuler dans mon corps pour la renvoyer dans l’univers.
Un autre élément clé qui transparaît de mes relations est la confiance dans la capacité de l’autre à grandir et à changer.
Cette confiance constitue un filet de sécurité qui protège de nombreuses relations résilientes.
Face à une difficulté majeure, pouvez-vous avoir foi en la capacité de votre partenaire à évoluer et à s’adapter ? Et avez-vous confiance en votre propre capacité à grandir et à changer ?
Envisagez-vous le potentiel de cette croissance et de ce changement pour renforcer et solidifier votre relation au fil du temps ?
Mon expérience professionnelle auprès d’individus en quête de croissance m’a permis de constater chez eux des transformations remarquables au fil du temps.
J’ai également vécu des changements profonds en moi-même.
Tout cela m’a permis de développer une profonde confiance en la capacité de l’être humain à évoluer.
Aujourd’hui, le simple fait de savoir que quelqu’un est en quête de croissance m’aide à lui faire davantage confiance.
Honorer les relations fragiles
S’engager dans une relation fragile et la voir s’effondrer peut causer tristesse et chagrin.
Cependant, si cette relation ne possédait intrinsèquement pas les qualités essentielles à sa pérennité, il est probable qu’elle n’aurait pu résister à l’épreuve du temps.
Si un incident isolé suffit à la briser, c’est qu’elle était intrinsèquement trop fragile pour durer.
Lorsqu’une relation fragile prend fin, essayez de ne pas vous en vouloir. Au contraire, honorez cette relation en reconnaissant les leçons qu’elle vous a apportées.
Son cycle est achevé, laissant la place à de nouvelles relations enrichissantes dans votre vie.
Analysez également la nature de la fragilité qui a entraîné la fin de la relation.
En quoi manquait-elle de résilience ?
Cette introspection vous guidera vers des relations plus résilientes.
Bien que temporaires, les relations fragiles peuvent revêtir une grande importance.
Lorsqu’une telle relation prend fin, que vous l’ayez choisi ou pas, il est essentiel de prendre le temps de réfléchir et de reconnaître sa valeur.
Quels aspects positifs pouvez-vous en tirer ?
Investir dans la résilience
À quoi ressemble une relation résiliente pour vous ?
Je vous présente ici quelques qualités que j’ai remarquées dans les miennes.
Le rire est une qualité essentielle.
Il permet de tisser des liens solides et sert de soupape de décompression.
Il favorise le pardon, nous oriente vers nos points communs et nous ramène sur terre.
Une relation riche en rires est plus résistante.
L’absence de rires la fragilise considérablement.
Le jeu est une autre qualité essentielle.
Une relation qui perd son noyau de jeu devient plus fragile.
La capacité à jouer va de pair avec celle d’accorder le bénéfice du doute.
Parfois, les gens font des choses déconcertantes, mais si vous pouvez voir leurs actions à travers le prisme du jeu, le pardon devient plus facile et vous évitez des blessures et du ressentiment inutiles.
En effet, dans tout jeu, les gens poursuivent naturellement leurs propres intérêts, et il n’y a pas lieu de leur en vouloir.
Une relation résiliente favorise l’apprentissage, la croissance et la transformation individuelle.
Une relation qui vous confine, vous ou votre partenaire, dans une définition rigide est intrinsèquement plus fragile.
En revanche, accorder à chacun l’espace nécessaire à son épanouissement et à sa découverte réduit considérablement le risque d’atteindre un point de rupture fatal.
Une raison fréquente pour laquelle les gens me rejettent et prennent la fuite, même après des années à lire mon blog, c’est qu’ils m’ont enfermé dans une case mentale.
Ils se sont fait une fausse image de moi qui empêche mon vrai moi d’exister.
Alors, quand je ne réponds inévitablement pas à leurs attentes (qui étaient déraisonnables dès le départ), la relation se fissure de leur côté.
Ils m’accusent parfois de transgresser cette fausse image qu’ils ont projetée sur moi, comme si j’étais censé connaître et suivre des règles que je n’ai jamais établies.
Il y a pourtant des lecteurs de mon blog qui me suivent depuis sa première ou sa deuxième année d’existence, et rien de ce que j’ai partagé depuis lors ne les a incités à partir.
L’image qu’ils ont de moi me permet d’explorer de nouveaux horizons sans qu’ils aient à « sonner le glas » et à m’abandonner chaque fois que je me lance dans une nouvelle aventure.
Test de vulnérabilité
Certaines personnes dotées d’une grande expérience relationnelle testent délibérément d’autres personnes afin d’évaluer la solidité potentielle de leur lien.
Ces tests peuvent survenir à n’importe quel stade d’une relation, mais sont particulièrement fréquents à son début.
Cela revient à demander indirectement : Qu’est-ce qui t’emmènerait à me quitter ?
Personnellement, je n’en fais pas une pratique volontaire, car je trouve que ce genre de test se fait tout seul.
Lorsque je rencontre une nouvelle personne, il lui est relativement facile de trouver une raison de me rejeter dès le début.
Je suis suffisamment ouvert au sujet de ma vie pour que les relations fragiles se révèlent rapidement.
Par contre, j’aime bien quand quelqu’un fait ce genre de test sur moi.
Cela m’indique qu’il cherche à détecter la vulnérabilité, et je considère cette approche comme étant respectueuse à mon égard.
Cela l’aide à déterminer s’il doit s’investir davantage dans la relation ou si celle-ci risque de heurter une de ses fragilités.
Ce test de vulnérabilité ne permet pas, toutefois, d’identifier toutes les fragilités potentielles. Comment le pourrait-il ?
Pourriez-vous élaborer une liste exhaustive de toutes les raisons pour lesquelles quelqu’un pourrait vous rejeter et la partager avec cette personne dès le départ ?
Il vous faudrait identifier toutes les explorations possibles que vous n’avez pas encore faites (mais que vous pourriez faire un jour), les décisions que vous n’avez pas prises (mais que vous pourriez prendre un jour), les changements que vous pourriez faire dans votre vie, etc.
C’est une tâche impossible, et cela signifie que malgré tous vos efforts, vous ne pourrez pas éviter les relations fragiles.
Le pire, c’est que cette vulnérabilité ne sera pas forcément visible dès le début.
Ô belle fragilité ô belle résilience !
Avec le recul, je peux constater que mon premier mariage était dès le départ fragile.
Je vois à quel point il aurait été facile de le faire capoter au cours des premières semaines ou des premiers mois en faisant des choix légèrement différents.
Des forces nous tiraient dans des directions différentes et nous devions les surmonter.
Nous avons frôlé la rupture à plusieurs reprises au cours des premières années.
Même si nous sommes restés ensemble pendant 15 ans, cette vulnérabilité était toujours présente, et nous avons dû continuer à éviter nos fragilités pour préserver notre relation aussi longtemps… jusqu’à ce que nous ne soyons plus disposés à le faire parce que nous avions besoin de grandir au-delà de nos fragilités.
J’honore et j’apprécie cette relation du fond de mon cœur.
Malgré sa fragilité, elle a été bénéfique pour nous deux.
Nous avons beaucoup appris et grandi ensemble.
Cependant, je ressens aussi que la rupture était inévitable. Ce n’était qu’une question de temps.
Nous ne regrettons rien et ne nous reprochons pas d’avoir agi différemment. Il y a de la beauté dans la fragilité.
Il y a aussi de la beauté dans la résilience. J’aime l’espace et la liberté des relations résilientes.
J’aime aussi la :
- confiance mutuelle qu’on y trouve ;
- possibilité de s’investir à long terme ;
- flexibilité ;
- la façon dont ces relations s’étirent et se plient sans pour autant se briser.
J’apprécie le fait de me sentir profondément accepté tel que je suis.
Les relations humaines peuvent être fragiles ou résilientes. En acceptant ce fait au lieu d’y résister, cela m’aide à considérer ma relation avec la vie comme toujours résiliente, par choix.
De son côté, la vie entretient toujours une relation résiliente avec moi.
Elle me pardonne, m’invite à jouer et me donne toujours le bénéfice du doute.
Elle m’accepte toujours inconditionnellement tel que je suis.
En réalisant que, du point de vue de la vie, cette relation est toujours anti-fragile je suis obligé de reconnaître que toute vulnérabilité dans cette relation ne vient ni d’elle ni d’autres personnes.
Elle ne peut venir que de moi. Et cela me rappelle que la vulnérabilité est un choix.
Nous avons toujours la possibilité de faire preuve de prudence à l’égard des autres afin d’éviter de heurter leurs fragilités.
Nous pouvons aussi vivre plus librement et être pleinement nous-mêmes, en réduisant en miettes les fragilités des autres dès que nous les rencontrons.
Que reste-t-il lorsque toutes les fragilités se brisent ?
Des relations puissamment résilientes avec les gens et avec la vie — le genre de relations que nous ne pourrions pas briser même si nous essayions.
Article original écrit par Steve Pavlina.
La notion de tester la vulnérabilité dès le début peut sembler judicieuse, mais n’est-elle pas un moyen subtil de mettre les autres à l’épreuve sans réellement s’ouvrir soi-même ? La véritable résilience ne réside-t-elle pas dans l’acceptation des imperfections et des erreurs, et non dans la création de barrières pour les éviter ?