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Notre relative facilité à quotidiennement prendre des décisions ordinaires et faire des choix raisonnables découle en partie du nombre limité d’options à notre disposition.
Si vous n’avez, par exemple, qu’une quantité limitée de nourriture à la maison, ou qu’un nombre limité de magasins et de restaurants à proximité, il vous est probablement plus facile de choisir vos repas au quotidien.
Vous n’avez pas à envisager une infinité de possibilités.
Il vous suffit de vous limiter aux plus accessibles.
Qu’en est-il, toutefois, des choix de vie plus importants, tels que votre prochaine orientation professionnelle ?
Dans ces cas-là, vous pouvez avoir l’impression de crouler sous les possibilités.
Il y a tellement de facteurs à prendre en compte.
Tant de décisions peuvent aboutir à des résultats positifs, mais beaucoup d’autres peuvent aussi engendrer des résultats indésirables.
Qu’arriverait-il si vous vous retrouviez dans une carrière qui ne vous plaît pas ?
Comment faire le bon choix ?
Que représente la clairvoyance dans pareille situation ?
Comment en faire preuve quand on a un si grand nombre d’options à considérer ?
La réponse est simple : il vous faut réduire le champ des possibles.
Vous devez, d’une manière ou d’une autre, limiter vos options.
Comment y parvenir ? Les possibilités ne sont-elles pas infinies ?
Vous avez peut-être l’impression de pouvoir, à chaque instant, prendre toutes les décisions possibles ?
Est-ce, toutefois, vraiment exact ?
Prenons l’exemple d’une décision aussi simple que le choix de votre prochain repas.
Il peut, d’une part, vous sembler possible de manger n’importe quoi.
Cela est particulièrement vrai si vous vivez dans une grande ville où de nombreux restaurants sont accessibles à pied ou en voiture.
Vous avez littéralement accès à des milliers d’options de repas différentes.
Il peut arriver que vous vous sentiez submergé par toutes ces options.
Cependant, d’une manière ou d’une autre, vous finissez toujours par faire un choix, et ce, tous les jours. Même décider de ne rien manger est un choix.
Comment y arrivez-vous donc ? Comment parvenez-vous à faire un choix confronté à un si grand nombre de possibilités ?
En réalité, vous ne prenez en compte qu’un petit nombre de ces possibilités et non leur totalité.
Vous en éliminez la majorité en intégrant certains facteurs tels que votre humeur, le temps dont vous disposez, le coût, la distance relative, vos envies, vos souvenirs, etc.
Il arrive même que vous vous contentiez de suivre des schémas pré-établis.
C’est ce qu’on appelle : réduire le champ des possibles.
Cela vous permet finalement d’aboutir assez rapidement à un choix et d’en expérimenter les conséquences.
Si celles-ci sont négatives, vous éviterez probablement de refaire le même choix à l’avenir.
Si elles sont par contre positives, vous serez probablement plus enclin à faire un choix similaire à l’avenir.
Vous développez donc au fil du temps des mécanismes internes d’aide à la décision.
Vous pouvez vous appuyer sur vos expériences passées pour guider vos choix futurs.
Face à une situation inédite, il peut arriver que vous preniez une décision de manière semi-aléatoire ou en fonction de facteurs plus simples, tels que la praticité.
Il peut également arriver que vous réduisiez vos attentes et que vous vous souciiez peu des conséquences négatives potentielles, sachant que de telles conséquences sont plus probables lorsque l’on manque d’expérience.
Il existe toutefois une autre option, qui consiste à laisser quelqu’un d’autre choisir à votre place.
Si, par exemple, vous vous rendez dans une nouvelle ville où vit l’une de vos connaissances, vous pouvez demander à celle-ci de vous recommander un restaurant et y manger.
Laisser les autres décider pour vous a probablement été une expérience fréquente lorsque vous étiez enfant.
Quelqu’un d’autre décidait de ce que vous devriez manger, et vous vous contentiez d’obéir. La réaction que produisaient en vous ces aliments a également permis de poser les bases de prises de décisions autonomes dans la suite de votre vie.
Réalisez la puissance de ces réactions en vous.
Nous n’y prêtons parfois pas suffisamment attention.
Comment avez-vous découvert vos plats préférés ?
Vous en avez probablement essayé une multitude et prêté attention aux réactions que produisaient en vous chacun d’entre eux quand vous les mangiez.
Au fil du temps, vous avez appris à reconnaitre les plats dont la consommation susciterait une réaction positive en vous.
D’autres facteurs tels que les personnes en compagnie desquelles vous vous trouvez ou la fréquence à laquelle vous prenez certains repas entrent évidemment en ligne de compte.
C’est toutefois au fil du temps que vous avez appris à faire des prédictions sur la base de vos expériences passées.
Il vous a donc fallu commencer par cartographier suffisamment bien le champ des possibles en prenant des décisions de manière semi-aléatoire ou en laissant quelqu’un d’autre le faire à votre place.
Cela vous a ensuite permis de définir plus clairement ce que vous vouliez manger.
Nous pourrions alors dire que la clairvoyance que nous recherchons est la capacité à prédire les réactions que suscitent en nous différents événements.
Cette capacité de prédiction devient plus précise à mesure que nous gagnons en expérience.
Sans elle, nous ne pouvons pas faire de prédictions précises, et ne pouvons donc pas faire intelligemment preuve de clairvoyance.
Nous en venons à la partie contre-intuitive de mon propos.
Nous pouvons penser qu’accumuler de l’expérience et nous exposer à plus d’options et de possibilités nous submergera.
C’est là le paradoxe du choix, n’est-ce pas ? Plus nous avons d’options, moins le bon choix est évident et plus nous nous sentons dépassés, n’est-ce pas ?
Cependant, cela ne s’applique qu’aux espaces inexplorés.
Supposons que vous entrez dans un magasin de vin et que vous envisagez de vous offrir une bouteille.
Admettons également que vous soyez totalement novice en matière d’achat et de consommation de vin.
Vous aurez peut-être du mal à choisir, car il y a trop d’options à considérer.
Il vous sera difficile de prendre une bonne décision. Et même après l’avoir prise, vous risquez de douter de votre choix.
Supposons maintenant que vous soyez maître sommelier et que vous entriez dans le même magasin.
Vous sentirez-vous aussi dépassé que le novice ?
Il vous sera probablement plus facile de faire ce que vous considérez être un bon choix ; un choix qui génère en vous une réaction positive.
Vous devez toujours faire face au même stock massif de bouteilles de vin que le novice, mais votre plus grande expérience vous aide à réduire le champ des possibles à un périmètre gérable.
Votre carte mentale supérieure de l’espace vous permet d’exclure des sections entières du magasin comme étant peu susceptibles de vous apporter les résultats que vous recherchez.
Vous envisagerez probablement moins d’options que le novice, ce qui vous permettra de faire votre choix avec moins de stress et plus de facilité.
L’expérience comprime la réalité.
Au fur et à mesure que vous gagnez en compréhension et en compétences dans un domaine d’existence particulier, vous affinez également votre palette.
Vous apprenez où aller et quoi faire pour obtenir des résultats satisfaisants et valables.
Ce qui est contre-intuitif, c’est qu’à mesure que vous élargissez votre cercle d’expérience, votre niveau de clairvoyance a tendance à augmenter également.
En explorant ce qui semble être un vaste champ de possibilités infinies, vous construisez des modèles mentaux qui mettent de l’ordre dans le chaos et simplifient votre perception de ce champ.
Cette idée peut également être exprimée de la manière suivante : la clairvoyance découle, au moins en partie, du rapport entre l’explorateur et le terrain.
Un explorateur novice en territoire inconnu ne peut prétendre à une grande clairvoyance.
Néanmoins, si celui-ci se contente d’explorer, même de manière initialement maladroite, il se familiarisera progressivement au terrain, et sa clairvoyance au sein de ce dernier augmentera.
Transposez ensuite ce même explorateur sur un nouveau territoire et répétez le processus.
Chaque nouveau territoire réserve des surprises.
Toutefois, chacun d’eux enrichit les cartes mentales et les modèles de l’explorateur.
À terme, il sera moins souvent surpris et passera maître dans la détection des zones les plus intéressantes et les plus précieuses des nouveaux terrains.
La clairvoyance provient à la fois des cartes mentales de l’explorateur, devenues de plus en plus sophistiquées, et d’un ensemble de préférences personnelles de plus en plus raffinées.
Cela s’explique par le fait que l’expérience façonne et polit à la fois la compréhension et les désirs.
Il convient de dire — et de reconnaitre — qu’il n’y a pas de clairvoyance qu’on puisse obtenir sans expérience. L’expérience est mère de clairvoyance. Elle nous donne une orientation concrète.
Si nous voulons gagner en clairvoyance, nous devons nous employer à gagner en expérience.
Nous obtiendrons généralement de meilleurs résultats en faisant de nouvelles expériences plutôt qu’en répétant les précédentes.
Par conséquent, si vous souhaitez gagner en clairvoyance encore plus vite, multipliez les nouvelles expériences : Allez où vous n’êtes jamais allé.
Faites ce que vous n’avez jamais fait.
Essayez ce que vous n’avez jamais essayé.
Cela aura le triple avantage d’améliorer vos modèles mentaux de la réalité (vérité), d’affiner votre palette de désirs (amour) et de renforcer votre capacité à tracer un chemin vers vos désirs (pouvoir).
Article original écrit par Steve Pavlina.